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ACTE V, se : i’ : ne ix. 455

ORESTE.

Elle a voulu sauver… Et les frappant tous deux… Je ne puis achever.

KLEcrnE, Quoi ! de la main d’un fils ? quoi ! par ce coup funeste, Vous…

ORESTE,

Non, ce n’est pas moi ; non, ce n’est point Oresto ; —"Un pouvoir effroyable a seul conduit mes coups. Exécrable instrument d’un éternel courroux, Banni de mon pays par le meurtre d’un père, Banni du monde entier par celui de ma mère, Patrie, États, parents, que je remplis d’effroi. Innocence, amitié, tout est perdu pour moi ! Soleil, qu’épouvanta cette affreuse contrée, Soleil, qui reculas pour le festin d’Atrée, Tu luis encor pour moi ! tu luis pour ces climats ! Dans l’éternelle nuit tu ne nous plonges pas ! Dieux, tyrans éternels, puissance impitoyable. Dieux qui me punissez, qui m’avez fait coupable ! Eh bien ! quel est l’exil que vous me destinez ? Quel est le nouveau crime où vous me condamnez ? Parlez… Vous prononcez le nom de la Tauride : J’y cours, j’y vais trouver la prêtresse homicide. Qui n’offre que du sang à des dieux en courroux, A des dieux moins cruels, moins barbares que vous*.

ELECTRE.

Demeurez : conjurez leur justice et leur haine.

PYLADE.

Je te suivrai partout où leur fureur t’entraîne.

Que l’amitié triomphe, en ce jour odieux.

Des malheurs des mortels et du courroux des dieux !

1. « J’ai relu les fureurs, écrivait Voltaire en 1701 à propos de ce passage ; je n’aime pas ces fureurs étudiées, ces déclamations ; je ne les aime pas même dans Andromaque. » (G. A.)

FIN D ORESTE.