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ACTE iri, SCI- M- VF. 120

ÉGISTHE,

Eh ! madame, en ce jour, Défendez-vous encor ce sang qui vous déteste ? N’épargnez point Electre, ayant proscrit Oreste.

(A O reste.)

Vous… laissez cette cendre à mon juste courroux.

ORESTE,

J’accepte vos présents ; cette cendre est à vous.

CLYTEMNESTP.E.

Non, c’est pousser trop loin la haine et la vengeance : Qu’il parte, qu’il emporte une autre récompense. Vous-même, croyez-moi, quittons ces tristes hords, Qui n’offrent à mes yeux que les cendres des morts. Osons-nous préparer ce festin sanguinaire Entre l’urne du fils et la tombe du père ? Osons-nous appeler à nos solennités Les dieux de ma famille à qui sous insultez. Et livrer, dans les jeux d’une pompe funeste. Le sang de Clytemnestre au meurtrier d’Oreste ? Non : trop d’horreur ici s’obstine à me troubler : Quand je connais la crainte, Égisthe peut trembler. Ce meurtrier m’accable, et je sens que sa vue A porté dans mon cœur un poison qui me tue. Je cède, et je voudrais, dans ce mortel effroi, Me cacher à la terre, et, s’il se peut, à moi.

(Elle sort.) ÉGISTHE, à Oreste.

Demeurez. Attendez que le temps la désarme. La nature un moment jette un cri qui l’alarme ; Mais bientôt, dans un cœur à la raison rendu, L’intérêt parle en maître, et seul est entendu. En ces lieux avec nous célèbrez la journée De son couronnement et de mon hyménée.

(À sa suite.)

Et vous… dans Épidaure allez chercher mon fils ; Qu’il vienne confirmer tout ce qu’ils m’ont appris.

V. — Théâtre. IV,