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124 ORESTE.

Cette urne dont l’aspect…

ELECTRE, revenant à elle, et courant vers l’urne^.

Cruel, qu’osez-vous dire ? Ah ! ne m’en privez pas ; et devant que j’expire, Laissez, laissez toucher à mes treml)lantes mains Ces restes échappés à des dieux inhumains. Donnez.

(Elle prend l’urne et l’embrasse.) OUESTE.

Que faites-vous ? cessez.

PYLADE.

Le seul Égisthe Dut- recevoir de nous ce monument si triste.

ELECTRE.

Qu’entends-je ? ô nouveau crime ! ô désastres plus grands ! Les cendres de mon frère aux mains de mes tyrans ! Des meurtriers d’Oreste, ô ciel ! suis-je entourée ?

ORESTE,

De ce reproche affreux mon âme déchirée Ne peut plus…

ELECTRE.

Et c’est vous qui partagez mes pleurs ? Au nom du fils des rois, au nom des dieux vengeurs, S’il n’est pas mort par vous, si vos mains généreuses Ont daigné recueillir ses cendres malheureuses…

ORESTE.

Ah, dieux !…

ELECTRE.

Si vous plaignez son trépas et ma mort, Répondez-moi ; comment avez-vous su son sort ? Étiez-vous son ami ? dites-moi qui vous êtes. Vous surtout, dont les traits… Vos houches sont muettes ; Quand vous m’assassinez vous êtes attendris !

ORESTE.

C’en est trop, et les dieux sont trop bien obéis.

ELECTRE.

Que dites- vous ?

ORESTE.

Laissez ces dépouilles horribles.

1. Voyez, plus loin, les réflexions de M. Dumolard sur la scène de l’urne.