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ACTE TROISIÈME

I

SCÈNE I.

ORESÏE, PYLADE.

(Un esclave porte une urne, et un autre une épée.) PYLADE.

Quoi ! verrai-je toujours ta grande Ame égarée Souffrir tous Jes tourments des descendants d’Atrée ? De l’attendrissement passer à la fureur ?

ORESTE.

C’est le destin d’Oreste ; il est né pour l’horreur.

J’étais dans ce tom])eau, lorsque ton œil fidèle

Veillait sur ces dépôts confiés à ton zèle ;

J’appelais en secret ces inànes indignés ;

Je leur ofTrais mes dons, de mes larmes baignés.

Lue femme, vers moi courant désespérée.

Avec des cris affreux dans la tombe est entrée,

Comme si, dans ces lieux qu’habite la terreur.

Elle eût fui sous les coups de quelque dieu vengeur.

Elle a jeté sur moi sa vue épouvantée :

Elle a voulu parler ; sa voix s’est arrêtée.

J’ai vu soudain, j’ai vu les filles de l’enfer

Sortir, entre elle et moi, de l’abîme entrouvert.

Leurs serpents, leurs flambeaux, leur voix sombre et terrible.

M’inspiraient un transport inconcevable, horrible.

Une fureur atroce ; et je sentais ma main

Se lever, malgré moi, prête à percer son sein :

Ma raison s’enfuyait de mon Ame éperdue.

Cette femme, en tremblant, s’est soustraite à ma vue,

Sans s’adresser aux dieux, et sans les honorer ;