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ANNÉE 1768.

qu’on a faites au mari de votre grand’maman. Vous ne m’en parlez jamais ; vous avez tort, car il n’y a personne qui lui soit plus attaché que moi ; et vous savez bien qu’on peut tout écrire sans se compromettre.

Bonsoir, madame ; je vous aimerai jusqu’à la dernière minute de ma montre.

7484. — À CATHERINE II,
impératrice de russie.
À Ferney, 20 février.

Madame, quoi, pendant que Votre Majesté impériale se prépare à battre le Grand Turc, elle forme un corps de lois chrétiennes ! Je lis l’instruction préliminaire qu’elle a eu la bonté de m’envoyer. Lycurgue et Solon auraient signé votre ouvrage, et n’auraient pas été peut-être capables de le faire. Cela est net, précis, équitable, ferme, et humain. Les législateurs ont la première place dans le temple de la gloire, les conquérants ne viennent qu’après. Soyez sûre que personne n’aura dans la postérité un plus grand nom que vous ; mais, au nom de Dieu, battez les Turcs, malgré le nonce du pape en Pologne, qui est si bien avec eux.

De tous les préjugés destructrice brillante,
Qui du vrai dans tout genre embrassez le parti.
Qui du vSoyez à la fois triomphante
Qui du vEt du saint-père et du mufti.

Eh ! madame, quelle leçon Votre Majesté impériale donne à nos petits-maîtres français, à nos sages maîtres de Sorbonne, à nos Esculapes des écoles de médecine ! Vous vous êtes fait inoculer avec moins d’appareil qu’une religieuse ne prend un lavement. Le prince impérial a suivi votre exemple. M. le comte d’Orlof va à la chasse dans la neige, après s’être fait donner la petite vérole : voilà comme Scipion en aurait usé, si cette maladie, venue d’Arabie, avait existé de son temps.

Pour nous autres, nous avons été sur le point de ne pouvoir être inoculés que par arrêt du parlement. Je ne sais pas ce qui est arrivé à notre nation, qui donnait autrefois de grands exemples en tout ; mais nous sommes bien barbares en certains cas, et bien pusillanimes dans d’autres.

Madame, je suis un vieux malade de soixante-quinze ans. Je