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ANNÉE 1766.

Souvent l’Amitié chancelante
Resserre sa pitié prudente ;
Son cœur glacé n’ose s’ouvrir ;
Son zèle est réduit à tout craindre :
Il est cent amis pour nous plaindre,
Et pas un pour nous secourir.

Voici encore une strophe de celle Ode :

Imitons les mœurs héroïques
De ce ministre des combats[1],
Qui de nos chevaliers antiques
À le cœur, la tête, et le bras ;
Qui pense et parle avec courage,
Qui de la fortune volage
Dédaigne les dons passagers ;
Qui foule aux pieds la Calomnie,
Et qui sait mépriser l’Envie
Comme il méprisa les dangers.

Je crois que M. le duc de Choiseul ne sera pas mécontent de ces derniers vers. Il daigne toujours m’aimer ; il m’honore quelquefois d’un mot de sa main.

J’aurai l’honneur de vous envoyer l’ode entière dès qu’elle sera mise au net, et je la ferai imprimer à la suite de votre lettre. Je serai enchanté de joindre votre éloge à celui de M. de Choiseul : cela paraîtra en même temps que le mémoire des Sirven, dont les avocats ne manqueront pas de vous envoyer quelques exemplaires. Vous pourrez faire publier votre lettre et l’ode à Bordeaux, pendant que je la publierai à Genève. Je voudrais que vous eussiez la bonté de m’envoyer tous vos titres et ceux de M. le comte de Périgord, pour les placer à la tête.

J’attends vos ordres, et j’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux, monsieur, votre, etc.


6606. — À M. DAMILAVILLE.
8 décembre.

Mon cher ami, j’ai remercié M. de Courteilles, dans les termes les plus passionnés, de la justice qu’il vous rendra sans doute. Vous devez d’ailleurs absolument compter sur M. d’Argental. Il

  1. Le duc de Choiseul, ministre de la guerre.