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L’impératrice de Russie a écrit une lettre charmante au neveu de l’abbé Bazin[1], et m’a chargé de la lui rendre. Elle a fait présent de quinze mille livres à M. Diderot, et de cinq mille livres à Mme Calas ; le tout avec une politesse qui est au-dessus de ses dons. Vous voyez bien qu’elle n’a pas fait tuer son mari, et que jamais, nous autres philosophes, nous ne souffrirons qu’on la calomnie. Bonsoir, mon cher ami. Mme Denis vous fait mille compliments ; frère Adam aussi.


Voltaire.

6086. — À M. BEAUMONT-JACOB[2].
À Ferney, 20 auguste.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous envoyer les cinq lettres de change ci-jointes, sur Paris et Lyon, pour la somme de six mille cinq cents livres, sauf erreur. Je vous supplie de m’en faire compter l’argent quand elles auront été payées. Vous obligerez sensiblement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


6087. — À M. BEAUMONT-JACOB[3].
À Ferney, 21 auguste.

Je suis, monsieur, très-sensible à vos bontés ; mais je ne veux point en abuser, et je ne prétends recevoir mes six mille cinq cents livres que quand elles auront été payées.


6088. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
22 auguste.

Il faut d’abord rendre compte à mes anges du voyage de Mlle Clairon. Elle a joué supérieurement Aménaïde ; mais, dans l’Électre, elle aurait ébranlé les Alpes et le mont Jura. Ceux qui l’ont entendue à Paris disent qu’elle n’a jamais joué d’une manière si neuve, si vraie, si sublime, si étonnante, si déchirante. Voilà ce que vous perdez, messieurs les Welches ; mais vraiment j’apprends que vous en faites bien d’autres : vous ne voulez pas

  1. C’est la lettre 6059.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.