Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/503

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
493
ANNÉE 1766.

Comment vouliez-vous que je visse votre jeune joueur de clavecin[1] ? Mme Denis était malade. Il y a plus de six semaines que je suis au lit. Ah ! nous sommes bien loin de donner des fêtes Quand revient le défenseur des Calas et des Sirven ? Il est indispensable qu’il donne son mémoire au plus vite.

Je vous serre entre mes bras malades. Embrassez pour moi vos amis.


6566. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.

Je n’ai cru, mon cher monsieur, qu’il fallait une permission de M. le duc de Choiseul qu’au cas qu’on niât les lettres écrites en 1744, et qu’on se servît du prétexte des dates erronées pour crier au faussaire. C’est une précaution que j’ai cru devoir prendre. Je l’ai soumise aux lumières de monsieur l’ambassadeur et aux vôtres, et à celles de M. Hennin. Ces pauvres natifs m’ont appris à ne rien faire de ma tête ; mais puisqu’on rend justice au caractère de Jean-Jacques, tout est fini. Il restait à faire voir que ce malheureux sophiste n’a pas écrit douze pages de suite où il y ait le sens commun, et qu’il n’y a jamais eu de réputation plus usurpée ; mais ce n’est pas là mon affaire. Je sais attendre, et j’attendrai surtout que les vingt-quatre perruques[2], qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, me rendent justice. Je suis assez content que vous me la rendiez. Il y a plus de repos dans mon cœur que dans Genève ; comptez, monsieur, qu’il y a aussi une amitié respectueuse pour vous dans ce vieux cœur que vous avez gagné.

Voltaire.

6567. — À M. HELVÉTIUS.
À Ferney, 7 novembre.

Connaissez ce malheureux Jean-Jacques ; voyez quel a été le prix de vos bienfaits[3]. On a découvert bien d’autres infamies.

  1. Mozart. Voyez Voltaire musicien, par M. Ed. Van der Straeten, Paris, 1878, in-8o, page 23. Beuchot écorche ce glorieux nom, et écrit Mazar.
  2. Le petit conseil de la république de Genève était composé de vingt-cinq personnes.
  3. Voltaire envoyait à Helvétius le Recueil de Lettres de M. J.-J. Rousseau et autres pièces, etc. ; 1766, in-12. On y trouve une lettre de Montmolin, du 25 septembre 1762, où il est question d’une réfutation projetée par Rousseau du livre d’Helvétius, intitulé De l’Esprit ; voyez pages 51 et 53.