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au-devant de mes dénégations. Il dit dans son avertissement que toutes les personnes à qui mes lettres sont adressées vivent encore ; il réclame leur témoignage : c’est donc leur témoignage seul qui peut le confondre. J’attends le certificat de M. Deodati ; j’en ai déjà un autre[1] ; mais le vôtre m’est le plus nécessaire. Je vous prie très-instamment de me le donner sans délai.

Vous pouvez dire en deux mots que vous avez vu, dans un prétendu recueil de mes lettres, un écrit de moi, page 170, à M. D’amoureux ; que cette lettre n’a jamais été écrite à M. D’amoureux, mais à vous ; que cette lettre est trés-falsifiée ; que tout le morceau de la page 181 est supposé ; qu’il est faux que le morceau ait jamais été présenté à aucun censeur, et que la note de l’éditeur à l’occasion de cette lettre est calomnieuse.

Une telle déclaration fortifiera beaucoup les autres certificats. Le prince, indignement attaqué dans la lettre à M. Deodati, jugera d’une calomnie par l’autre. En un mot, j’attends cette preuve de votre amitié ; vous ne pouvez la refuser à ma douleur et à la vérité.

Il est très-certain que c’est ce M. Robinet, éditeur de mes prétendues Lettres, qui a fait imprimer celles-ci ; mais je ne prononcerai pas son nom, et je ne détruirai même la calomnie qu’avec la modération qui convient à l’innocence. Je suis très-aise qu’aucun sage ne soit en correspondance avec ce Robinet, qui se vante de connaître la Nature[2], et qui connaît bien peu la probité.

Entendons-nous, s’il vous plaît, sur M. d’Autrey[3]. Il n’a jamais dit qu’il ait eu des conférences avec M. Tonpla ; mais que Tonpla ayant écrit quelques Réflexions philosophiques pour un de ses amis, il y avait répondu article par article. Je vous ai montré cette réponse, bonne ou mauvaise ; mais je n’ai jamais ouï dire ni dit qu’ils aient eu des conférences ensemble. La vérité est toujours bonne à quelque chose jusque dans les moindres détails.

Je me porte fort mal, et je serai très-fâché de mourir sans avoir vu Tonpla. Vous savez qu’un de ces malheureux juges qui avait tout embrouillé dans l’affaire d’Abbeville, et qui avait tant abusé de la jeunesse de ces pauvres infortunés, vient d’être

  1. Du duc de La Vallière (voyez tome XXV, page 582), dont le certificat, d’après ce que Voltaire dit ici, parait antérieur à la date qu’il porte.
  2. Voyez la note, tome XLI, page 547.
  3. Voyez la note, tome XLIII, page 484.