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thèques des nations étrangères. Je ne connais guère que votre mémoire pour les Calas qui ait eu de la réputation en Europe ; il a été lu jusqu’à Moscou.

Adieu, mon cher Cicéron. Je me mets aux pieds de madame votre femme. Ne m’ôtez jamais le beau titre que vous m’avez donné.


6466. — À M. DAMILAVILLE.
20 auguste.

Je suis tantôt aux eaux, tantôt à Ferney, mon cher frère. Je vous ai écrit[1] par Mme de Saint-Julien, sœur de M. le marquis de La Tour du Pin, commandant en Bourgogne, et parente de M. le duc de Choiseul. Elle est venue avec monsieur son frère, et a bien voulu passer quelques jours dans ma retraite. Elle a la bonté de se charger d’une lettre pour vous, dans laquelle il y en a une pour M. de Beaumont. En voici une autre que je vous envoie pour ce défenseur de l’innocence.

J’ai vu M. Boursier, pour qui vous avez toujours eu les mêmes bontés : il n’a pas été embarrassé un moment des calomnies qu’on a fait courir sur sa manufacture ; il est toujours dans les mêmes sentiments. C’est bien dommage que ses forces ne répondent pas à son zèle, car il est comme moi dans sa soixante-treizième année. Il désirait fort d’être secondé par des personnes d’un âge mûr, qui semblent avoir tourné leurs vues d’un autre côté. Il se plaint beaucoup d’un de ses camarades qui ne lui a pas répondu. Pour moi, mon cher ami, je n’entends plus rien aux affaires de ce monde ; j’y vois quelquefois des abominations qui atterrent l’esprit et qui tuent la langue. On dit que, dans certaines îles, quand on a coupé la jambe à un nègre, tous les autres se mettent à danser.

Je vous demande en grâce de me faire avoir le mémoire de feu M. de La Bourdonnais ; il manque à mon petit recueil des causes véritablement célèbres.

Adieu ; vos sentiments sont ma plus chère consolation.


6467. — À M. DAMILAVILLE.
Du 23 auguste.

Mon cher frère, je ne sais rien. Tout est-il oublié ? Que dit-on ? Un petit paquet pour vous[2] et pour M. de Beaumont ne partira

  1. Lettre 6462.
  2. La lettre 6462, dont se chargeait Mme de Saint Julien.