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ANNÉE 1766.

aux Sirven un asile dans ses États, je lui ai fait un petit compliment[1] ; je lui ai dit que je voudrais les y conduire moi-même, et il a pris apparemment mon compliment pour une envie de voyager.

Vous avez probablement lu sa préface de l’Abrègé de l’Histoire de l’Église ; c’est une terrible préface[2]. Les livres dans ce goût pleuvent de tous les côtés de l’Europe : l’Italie même s’en mêle ; cela ira loin. Il est assez aisé d’empêcher la raison de naître ; mais quand une fois elle est née, il n’est pas au pouvoir humain de la faire mourir. Pour moi, je ne lui donnerai point de lait ; je la vois forte et drue ; elle parviendra à l’âge de maturité sans que je la nourrisse.

J’ignore encore si on imprimera les roués[3] ; ils ne sont bons qu’à donner de l’horreur de ces anciens Romains dont nous faisons tant de cas ; les notes achèvent de peindre la nature humaine dans toute son exécrable turpitude. Mes anges, plus la nature humaine, abandonnée à elle-même ou à la superstition, inspire des idées tristes et fait bondir le cœur, plus j’aime cette nature humaine, quand je vois des âmes comme les vôtres. Vous me faites aimer un peu la vie.

Je vous supplie de dire à M. le marquis de Chauvelin combien je lui suis tendrement attaché.

Pourriez-vous avoir la bonté de me dire quelle impression le Mémoire de M. de La Chalotais a faite dans Paris ?


6460. — À FRÉDÉRIC,
landgrave de hesse-cassel.
15 auguste.

Monseigneur, M. de Vinci m’avertit que Votre Altesse sérénissime ajoute à ses œuvres de charité celle de venir guérir demain un malade vers les deux heures. Vous avez cru sans doute que le plaisir rendait la vie : vous ne vous êtes pas trompé.


6461. — À M. DAMILAVILLE.
16 auguste.

Monsieur, nous avons bien reçu votre lettre du 9 d’auguste, avec le mémoire concernant le procès ; et votre correspondant

  1. On n’a pas la lettre de Voltaire qui contenait ce compliment.
  2. Voyez lettre 6252.
  3. La tragédie du Triumvirat.