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ANNÉE 1766.

de la fausse démarche du parlement. Nos politiques prétendent que si le parlement s’était contenté de présenter humblement au roi le mémoire de M. de La Chalotais, il aurait touché Sa Majesté au lieu de l’aigrir. Pour moi, qui ne suis point politique, et qui ne me mêle que des affaires de mon commerce, je ne décide point sur ces questions délicates. Je joins, comme vous, un peu de philosophie à mes occupations, et c’est là que je trouve le seul soulagement qu’on puisse éprouver dans les malheurs de la vie.

J’ai entendu parler confusément de ces jeunes écervelés d’Abbeville ; mais comme on dit que ce sont des enfants de quinze à seize ans, je crois qu’on aura pitié de leur âge, et qu’on ne leur fera point de mal.

Nous vous sommes plus tendrement attachés que jamais.


Boursier et compagnie.

6453. — DE MADAME LA LANDGRAVE DE HESSE[1].
10 août 1766.

Monsieur, je n’ai pu penser qu’un simple mouvement de pitié et d’humanité parviendrait à vous, encore moins qu’il méritai vos éloges. Vous êtes bien fait, monsieur, pour encourager la vertu et pour faire triompher l’innocence. Les Calas vous doivent leur célébrité ; les Sirven vous la devront encore. Je voudrais pouvoir leur témoigner à quel point ils m’intéressent. Une famille innocente et persécutée est pour moi un objet bien respectable ; je ne peux leur offrir des secours proportionnés à leurs besoins et à ma bonne volonté ; j’ose cependant vous adresser dix louis. Je vous conjure de les leur faire accepter.

Je sens tout le prix de la lettre dont vous m’avez honorée, et j’en suis touchée de reconnaissance ainsi que de la pièce que vous y avez jointe. Si j’ai mérité cette attention, c’est par ma haine pour le fanatisme et pour la tyrannie de la superstition. Vos écrits m’ont affermie dans les principes que je me suis formés ; ils sont invariables, ainsi que mes sentiments pleins d’estime et de considération pour vous.


6454. — À M. DAMILAVILLE.
Aux eaux de Rolle, 11 auguste.

J’ai reçu, mon cher ami, votre lettre du 5. Je vous envoie les principaux extraits des lettres de Jean-Jacques[2], dont l’original

  1. Briefwechsel des Grossen Landgräfin Caroline von Hessen. — Von dr Ph.-A.-F. Walther. — Wien, 1877, tome II, page 420.
  2. Voyez tome XXVI, page 41.