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à votre gloire, et à votre bonheur. C’est avec ces sentiments que je serai toute ma vie, mademoiselle, votre, etc.


6066. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
15 juillet.

Mes anges, le présent paquet contient deux choses bien importantes que je mets sous votre protection : la première consiste en mauvais vers pour mettre à la place d’autres mauvais vers de l’ex-jésuite, dans vos roués[1] ; la seconde est un paquet de pièces un peu meilleures que nous présentons, Mme Denis et moi, à M. de Calonne, et nous espérons qu’elles ne seront point sifflées, grâces à vos bontés. Nous présumons que nos anges gardiens voudront bien lui faire parvenir ce paquet, qui est réellement pour nous de la plus grande importance : il contient l’acte de l’inféodation de nos dîmes.

Je voudrais perdre mes dîmes, et que les roués fussent intéressants ; mais on ne peut tirer d’un sujet que ce qu’il comporte. Je le trouve intéressant, moi, parce que j’aime mieux les Romains que les Welches et les Bretons du xive siècle ; mais les Romains ne sont plus à la mode. Je demande bien pardon à mes anges des libertés que je prends toujours avec eux.

Je les supplie de vouloir bien faire agréer par M. le duc de Praslin mon respect et ma reconnaissance.


6067. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
16 juillet.

Je me hâte, monsieur, de répondre à votre lettre du 5 de juillet. Non sans doute le parlement de Toulouse ne peut rien contre l’arrêt d’un tribunal suprême, nommé par le roi pour juger en dernier ressort, et jugeant au nom du roi même. Je crois l’arrêt des maîtres des requêtes affiché actuellement dans Toulouse par un huissier de la chaine. Toute la famille Calas doit rentrer dans son bien, dans son état, dans sa renommée ; la mémoire de Jean de Calas est réhabilitée, et il ne manque à cette famille que la pardon que les huit juges fanatiques doivent lui demander à genoux, l’argent à la main. Je ne sais pas ce que fera ce parlement ; mais je sais que les lois, le conseil d’État, la France, et

  1. La tragédie du Triumvirat.