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CORRESPONDANCE.

carmina et faciles versus. Je souhaite que vos beaux esprits de Paris vous fournissent une ample matière ; mais votre santé me donne autant d’inquiétude que votre nouvelle correspondance me fait de plaisir. Prenez garde à votre hydrocèle, imposez-vous un régime qui vous mette en état de courir pour chercher des nouvelles. Lorsque vous ne pourrez point écrire, je vous conseillerais de vous munir d’un homme qui écrirait sous votre dictée, afin que la correspondance ne fût pas interrompue. Je ne pourrai guère vous aider dans votre ministère ; nous n’avons à Genève que des sottises ennuyeuses. Il vient de paraître un ouvrage bien plat contre M. d’Alembert, M. Hume, et les encyclopédistes[1] ; j’y suis aussi pour ma part. Vous pensez bien que le libelle est d’un prêtre. Ce prêtre est un nommé Vernet, théologien huguenot de son métier ; c’est un homme à qui on rend toute la justice qu’il mérite, c’est-à-dire qu’il est couvert d’opprobre. Son livre est entièrement ignoré. Il n’est question dans Genève que des tracasseries pour lesquelles on a fait venir trois plénipotentiaires. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.


6358. — À M. DAMILAVILLE.
30 mai.

Je me console, vendredi au soir, d’un très-vilain temps et des maux que je souffre par l’espérance de recevoir demain samedi, 31 du mois, des nouvelles de mon cher frère.

Il faut que je lui fasse une petite récapitulation de tous les objets de mes lettres précédentes :

1° Le buste d’ivoire de son frère, parti de Genève probablement le 14 mai, adressé, par la diligence de Lyon, au quai Saint-Bernard. à Paris ;

2° La Défense du président de Thou[2], dont il est bon de faire retentir tous les journaux, et dont il convient surtout d’envoyer copie au Journal de Bouillon ;

3° Le recueil complet[3], que je suppose envoyé chez M. Chabanon ;

4° Un autre recueil Complet, en feuilles, dont je vous supplie instamment de gratifier l’avocat-libraire Lacombe, quai de Conti ;

  1. Lettres critiques d’un voyageur anglais, etc. (par Vernet) ; voyez la note, tome XXV, page 491.
  2. Le Président de Thou justifié, etc. ; voyez tome XXV, page 477.
  3. Un exemplaire de la collection des Œuvres de Voltaire.