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ANNÉE 1766.

vvince, et que je n’ai pu avoir l’honneur de m’entretenir avec vous ; mais vos lettres m’attachent à vous, monsieur, autant que si j’avais eu le bonheur de vous voir.


6341. — DE M. HENNIN[1].
Genève (16 mai).

J’ai l’honneur de vous envoyer, monsieur, une lettre que je viens de recevoir.

Il me tarde beaucoup de pouvoir passer quelques jours à Ferney ; mais la maladie de monsieur l’ambassadeur et quelques autres obstacles m’empêchent de réaliser actuellement les promesses que je vous ai faites. J’abrégerai ce délai le plus qu’il me sera possible. Mon front se riderait tout à fait si je différais plus longtemps d’aller voir rire, car nous ne sommes pas gaillards avec notre insupportable politique.


6342. — À M. HENNIN.
17 mai.

Vous m’avez envoyé, monsieur, une drôle de lettre de M. le duc de Choiseul. Il me mande qu’il est comme le cocher de l’Avare, qui met tantôt sa souquenille et tantôt son tablier. Comment peut-on avoir le temps d’avoir de l’esprit et de badiner, quand on a de si lourds fardeaux à porter ? Mais, vous autres ministres, vous êtes supérieurs aux affaires. C’est ce qui fait que je me mets plus que jamais aux pieds de Son Excellence[2], que je supplie M. de Taulès de ne me pas oublier, et que je compte que vous n’abandonnerez pas Ferney.


6343. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 17 mai.

Je reçois la lettre du 1er de mai, dont mon héros m’honore. M. le chevalier de Beauteville m’a dit qu’avant de partir pour votre royaume de bordeaux vous lui aviez dit que vous le chargeriez de vos ordres pour moi ; mais la lettre dont vous me parlez ne m’est jamais parvenue, et il faut qu’on l’ait oubliée dans votre déménagement.

Que vous êtes heureux, monseigneur, de pouvoir toujours

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Le chevalier de Beauteville.