Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne cherche à entrer dans aucune affaire, et surtout dans les tracasseries genevoises.

Mais je dois vous dire que, mes petites terres étant enclavées en partie dans leur petit territoire, ayant continuellement des droits de censive, et de chasse, et de dixième à discuter avec eux, ayant du bien dans la ville, et même un bien inaliénable, j’ai plus d’intérêt que personne à voir la fourmilière tranquille et heureuse. Je suis sûr qu’elle ne le sera jamais que quand vous daignerez être son protecteur principal, et qu’elle recevra des lois de votre médiation permanente. Je vous conjure seulement de vouloir bien avoir la bonté de recommander à M. de Beauteville votre décrépite marmotte, qui vous adorera du culte d’Hyperdulie tant que le peu qu’il a de corps sera conduit par le peu qu’il a d’âme.

Monseigneur sait-il ce que c’est que le culte d’hyperdulie ? Pour moi, il y a soixante ans que je cherche ce que c’est qu’une âme, et je n’en sais encore rien.

Ah ! si j’osais, je vous supplierais d’engager M. de Beauteville à demeurer, en vertu de la garantie, le maître de juger toutes les contestations qui s’élèveront toujours à Genève. Vous seriez en droit d’envoyer un jour, à l’amiable, une bonne garnison pour maintenir la paix, et de faire de Genève, à l’amiable, une bonne place d’armes quand vous aurez la guerre en Italie. Genève dépendrait de vous à l’amiable ; mais[1]


6278. — À M. HENNIN.
À Ferney, 27 février.

Il faut d’abord, monsieur, vous avouer que j’ai communiqué à M. le duc de Praslin l’idée de faciliter aux Genevois les moyens d’acquérir des terres au pays de Gex. Je lui ai mandé[2] que j’avais le bonheur de penser comme vous, et vous pensez bien que je me suis un peu rengorgé en faisant valoir votre approbation. Je ne me mêle point des affaires d’autrui ; mais c’est ici la mienne. La terre de Ferney deviendrait très-considérable si la proposition réussissait. M. le duc de Praslin l’approuve ; il est fait pour penser connue vous. Il serait très-important, et je vous aurais beaucoup d’obligation, aussi bien que Mme Denis, si vous

  1. C’est ainsi que cette lettre se termine dans les éditions de Kehl et dans toutes le autres. (B.)
  2. Cette lettre manque.