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que ralentir l’intérêt et refroidir les lecteurs étrangers. J’enverrais ce précis à tous les princes protestants et à l’impératrice de l’Église grecque. Je l’accompagnerais d’un petit discours sur le fanatisme, qui n’est pas d’un bigot, mais qui est, je crois, d’un bon citoyen. Mon cher frère, je veux soulever l’Europe en favveur des Sirven.

Voici une feuille que je détache des Mélanges[1], et que je vous envoie pour en régaler l’Élie. Ma foi, les coquins en auront dans le cul[2]. Je ne sais plus ou demeure l’indolent Thieriot.


6263. — À M. DE CHABANON.
À Ferney, 7 février.

Je vous ai déjà envoyé mon testament, monsieur ; ceci est mon codicille, et je persiste dans mes dernières volontés, qui sont de vous voir, de vous embrasser, de jouir de votre conversation, de vivre avec vous dans toute la liberté de la philosophie, pendant le temps que vous voudrez bien me donner. Nous sommes des moines au milieu des neiges. Si vous êtes assez bon pour accepter une très-mauvaise cellule dans notre couvent à moitié bâti, je vous tiendrai pour un homme très-charitable. J’ignore comment madame votre sœur s’accommode de notre zone qu’on appelle tempérée. Je lui présente mes respects, aussi bien qu’à M. de La Chabalerie.


6264. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[3].
10 février.

J’ai reçu hier, de la main d’un de mes anges, une lettre qui commençait par Monsieur mon cher cousin. Comme à moi tant d’honneur n’appartient, je regardai au bas, et je vis qu’elle était adressée à M. le président de Baral, à qui je l’envoie.

J’ai soupçonné que, par la même méprise, il aura reçu pour moi une lettre à laquelle il n’aura rien compris, et j’espère qu’il me la renverra.

  1. Au commencement de 1766, parurent, sous le millésime de 1765, trois volumes intitulés Nouveaux Mélanges philosophiques, historiques, critiques, etc. ; aux pages 190-195 du tome second est un Article nouvellement ajouté (au Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, pages 115-118). Je crois que c’est de ce morceau que Voltaire veut parler. (B.)
  2. Phrase restituée d’après le manuscrit.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.