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jansénisme, secte dure, cruelle et barbare, plus ennemie de l’autorité royale que le presbytérianisme, et ce n’est pas peu dire, et plus dangereuse encore que les jésuites, ce qui devient incroyable ; mais cependant c’est ce qui est. Si le roi sait mon grimoire, il sait que je n’écris jamais qu’en loyal sujet à des sujets très-loyaux[1].


6212. — À M. HENNIN.
1er janvier 1766.

Toute la masure de Ferney souhaite les plus heureuses et les plus brillantes années à M. Hennin. On dit qu’il reçut le tableau des Trois Grâces[2] le jour qu’il prononça son discours. C’est être payé dans la monnaie qu’on a frappée. Il couche dans le lit de Mme de Montpéroux. Toutes les dames de Genève se l’arrachent. Nous le félicitons de tous ses triomphes.

À Ferney, premier jour de l’an, jour où il fait un froid de diable.


6213. — À M. BEAUMONT-JACOB[3].
À Ferney, 2 janvier.

Je crois, monsieur, vous fournir une assez bonne occasion, en cas que vous ayez des fonds, de gagner un demi pour cent par mois sans aucun frais, et sans aucun courtage ; il n’y aura d’autre cérémonie que de délivrer, tous les trois mois, environ quinze mille livres argent de France ; et à chaque échéance du trimestre, vous recevriez vos quinze mille livres avec l’intérêt, en sorte que vous ne seriez jamais en avance que de quinze mille livres. À l’égard des autres commissions que vous pourriez faire pour moi, je vous donnerais avec très-grand plaisir un quart pour cent.

Je n’ai pas manqué, monsieur, le 18 du passé, d’envoyer à M. Necker, banquier, votre ordre pour qu’il remît au mien les trente-six billets à M. de La Borde, banquier du roi. Je mis sur la lettre : À MM. Necker et. Thélusson, à Paris. Probablement je recevrai réponse par le premier courrier.

  1. On retrouvera à l’annéc 1766 d’autres fragments jusqu’à présent imprimés ici. (G. A.)
  2. Le tableau des Trois Grâces, par Carle Vanloo, le chef-d’œuvre de ce peintre, dont M. Hennin avait fait l’acquisition. Ce tableau est passé en Pologne depuis la Révolution. (Note de Hennin fils.)
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.