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CORRESPONDANCE




6041. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[1].
5 juin 1765.

Mon cher et aimable philosophe, M. le marquis de Charas est aussi aimable par son esprit que par sa figure ; il vous dira combien la petite famille de Ferney vous est attachée.

Vous avez fait une bien bonne œuvre en faisant imprimer la lettre concernant les Calas et les Sirven. Nous venons de perdre la femme de Sirven, qui enfin est morte de chagrin, en protestant de son innocence. Nous n’entreprendrons pas moins le procès. Le factum de M. de Beaumont est déjà tout dressé ; mais nous sommes enchaînés à des formalités qui sont bien longues ; nous ne nous décourageons point, et Beaumont espère la même justice pour les Sirven que pour les Calas.

Voici un petit paquet qu’on m’a prié de vous envoyer. Quand vous m’écrirez, adressez votre lettre sous l’enveloppe de M. Camp, banquier à Lyon. Il y a quelquefois des curieux qu’il faut dérouter.

Mille tendres respects à monsieur votre frère comme à vous ; le tout pour ma vie.


6042. — À M. DAMILAVILLE.
5 juin.

Mon cher et vertueux ami, j’ai reçu votre lettre du 29 de mai. Si vous êtes quatre à la tête de la bonne œuvre de faire graver une estampe au profit de la famille Calas, je suis le cinquième ; si vous êtes trois, je suis d’un quart ; si vous êtes deux, je me mets en tiers. Vous pouvez prendre chez M. Delaleu l’argent qu’il faudra : il vous le fera compter à l’inspection de ma lettre.

Ma santé est toujours très-faible, mais il faut mourir en faisant du bien. On s’adresse fort mal quand on veut faire venir de Genève la Philosophie de l’Histoire. M. de Barrière s’est avisé de

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.