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embarrassant. Je ne sais si M. de Montmartin pourra venir à bout d’arranger cette grande affaire. Le duc de Wurtemberg sera peut-être obligé de plaider contre ses sujets devant la cour aulique. Cela est plus désagréable que d’essuyer des remontrances des parlements, et les états de Wurtemberg paraissent plus têtus que ceux de Bretagne.

Vous savez que le roi a donné trente-six mille livres à la famille Calas, et que cette famille infortunée, qui a fait tant de bruit dans le monde, a la permission de prendre ses juges à partie, ce qui n’était point arrivé, ce me semble, depuis le massacre juridique de Mérindol et de Cabrières, sous François Ier. Un tel exemple doit rendre tous les juges bien circonspects quand il s’agit de la vie des citoyens. Je vous fais les compliments du Père Adam ; recevez les miens et ceux de Mme Denis.


Voltaire.

5995. — À M. NOUGARET[1].
Au château de Ferney, 20 avril.

Ma déplorable santé, monsieur, ne m’a pas permis de vous remercier plus tôt ; mais elle ne me rend pas moins sensible à l’honneur que vous m’avez fait. Vos vers et votre prose prouvent également vos talents et la bonté de votre cœur. On voit pour la première fois, dans l’affaire de Calas, le Parnasse réformer les arrêts des parlements, sans qu’ils puissent s’en plaindre. C’est une époque singulière dans l’histoire de l’esprit humain.

Agréez, monsieur, mes très-sincères remerciements, et les sentiments d’estime avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc. V.


5996. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
Ferney, 22 avril.

J’envoie au protecteur de l’innocence la réponse des Sirven en marge. Nous écrivons à Castres pour avoir des éclaircissements ultérieurs. Il est certain que l’évêque de Castres fit enfermer la fille Sirven de son autorité privée. Je joins aux réponses

  1. Pierre-Jean-Joseph Nougaret, né à la Rochelle le 16 décembre 1742, mort en juin 1823, auteur très-fécond et très-médiocre, avait envoyé à Ferney son Ombre de Calas le suicide à sa famille et à son ami dans les fers, qui a été imprimée précédée d’une Lettre à M. de Voltaire, 1765, in-8o de 16 pages.