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nomma des commissaires pour faire des remontrances au roi ; ils doivent demander : 1° que Sa Majesté n’accorde plus si facilement des évocations ; 2° si elle en accorde, que ce ne soit que d’un parlement à un autre ; 3° que le roi n’ait point égard au jugement des requêtes de l’hôtel eu faveur des Calas ; 4° que le roi approuve et conserve à jamais la procession du 17 mai, par laquelle on remercie Dieu solennellement d’avoir répandu le sang de ses frères. Enfin le parlement a défendu, sous des peines corporelles, d’afficher l’arrêt qui justifie la famille Calas.

Ce nouvel excès va indigner l’Europe, mais je ne sais encore si Versailles ne ménagera pas le parlement de Toulouse. Ces nouvelles me fortifient dans l’idée où j’ai toujours été que Mme Calas ne devait faire aucune démarche touchant la prise à partie, sans avoir auparavant fait consulter monsieur le vice-chancelier et monsieur le contrôleur général[1].

Je prie M. Debrus d’envoyer ce billet à Mme Calas, après l’avoir communiqué à M. de Végobre et à ses amis. Je mourrai content si je peux contribuer à bannir de la terre le fanatisme et l’intolérance.

Je souhaite à M. Debrus une santé meilleure que la mienne.


5973. — À M. NOVERRE.
Du château de Ferney, 2 avril.

J’ai reçu le comte de Fé***[2], monsieur, avec tous les égards dus à sa naissance et à son mérite ; vous l’aviez sûrement instruit de toutes mes infirmités, et du délabrement affreux de mon estomac : il m’a fait présent d’un spécifique délicieux, cinquante demi-bouteilles de vin de Tokay, tel que j’en buvais jadis chez le grand philosophe du Nord[3].

J’ai lu et relirai encore avec un nouveau plaisir vos deux lettres sur Garrick[4] ; vous êtes un excellent peintre, et s’il était

    nationale par Bézard, et insérée au Moniteur ; elle était déjà tombée dans le domaine de la publicité lorsqu’elle a paru dans le recueil de Cayrol et François. (A. C.)

  1. Le vice-chancelier Maupeou, consulté à ce sujet, évita de répondre. Le contrôleur général de Laverdy ne paraît pas avoir été interrogé. La prise à partie des premiers juges, c’est-à-dire la revendication de dommages et intérêts contre le parlement et les capitouls, n’eut pas lieu, quoique Voltaire l’ait vivement désiré. (A. C.)
  2. Probablement Fékété, seigneur hongrois.
  3. Frédéric II, roi de Prusse.
  4. Elles sont à la suite de la traduction française de la Vie de Garrich, in-12.