Vous en avez usé avec moi, monsieur, comme une jeune coquette qui se pare de tous ses charmes pour séduire un pauvre vieillard à qui elle donne des désirs inutiles. Vous m’avez cajolé, vous m’avez envoyé de jolis vers ; mais je répondrai à votre muse agaçante :
Ne me rendront pas mon printemps.
Quand on a parcouru dix-huit olympiades,
L’esprit et son étui sont minés par les ans ;
On ne fait plus de vers galants,
Ou, si l’on en veut faire, ils sont ou durs ou fades.
Des neuf savantes sœurs j’ai force rebuffades ;
Du cheval ailé, des ruades ;
Et des sourires méprisants
Des belles dames à passades.
Condé même, Condé, qui, par tant d’estocades.
Égala, jeune encor, les héros du vieux temps,
Et qui dans l’art de vaincre a peu de camarades,
Exciterait en vain mes efforts languissants.
Irai-je répéter, dans de froides tirades,
Ce qu’on a dit cent fois des illustres parents
Dont la gloire avec lui faisait des accolades
Aux campagnes des Allemands ?
Qu’il soit chanté par vous, par tous vos jeunes gens,
Et non pas par de vieux malades.
Vous m’avez écrit, madame, une lettre tout animée de l’enthousiasme de l’amitié. Jugez si elle a échauffé mon cœur, qui vous est attaché depuis si longtemps. Je n’ai point voulu vous écrire par la poste ; ce n’est pas que je craigne que ma passion pour vous déplaise à M. Janel, je le prendrais volontiers pour mon confident ; mais je ne veux pas qu’il sache à quel point je suis éloigné de mériter tout le bien que vous pensez de moi. Mme la duchesse d’Enville veut bien avoir la bonté de se charger de mon paquet ; vous y trouverez cette Philosophie de l’Histoire de