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voir occuper une, et pour tous dire du fond de mon cœur à quel point je vous estime et je vous aime ?

Il me sera impossible d’aller à Lyon ce carême ; je suis entouré d’ouvriers. Ma petite colonie de Ferney demande tous mes soins, et ma misérable santé ne me permet plus les voyages.

Adieu, monsieur ; conservez-moi une amitié dont je sens bien vivement tout le prix.


5933. — À M. DUCLOS[1].
4 mars.

J’ai reconnu sur-le-cbamp, mon cher et illustre confrère, votre portrait et votre style[2]. Je vous assure que je suis bien content de l’un et de l’autre. Puisque vous écrivez si bien sur les mœurs, j’aurais voulu que vous en eussiez inspiré d’un peu plus douces à Jean-Jacques Rousseau. Les siennes ne l’ont pas rendu heureux. Il faut avouer que la maison d’Aristippe valait mieux que le tonneau de Diogène.


5934. — À M. DAMILAVILLE[3].
6 mars.

Voici, mon cher frère, la réponse de l’oracle d’Épidaure. Il me paraît qu’il a raison dans tout ce qu’il vous dit.

Vous serez de son avis sur Jean-Jacques. Il connaît mieux que personne la méchanceté de ce misérable, dont le cœur est aussi mal fait que l’esprit. C’est le chien de Diogène qui est attaqué de la rage.

Ne songez à présent, mon cher frère, qu’à guérir vos amygdales ; conservez votre santé ; elle est précieuse aux gens qui pensent, et surtout à moi, qui attache une partie de mon existence à la vôtre.


5935. — À M. DE BELLOY[4].
6 mars.

Si je suis presque entièrement aveugle, monsieur, j’ai encore des oreilles, et les cris de la renommée m’ont appris vos grands

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Duclos lui avait envoyé la seconde édition de ses Considérations sur les mœurs.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. Pierre-Laurent Buirette de Belloy, né à Saint-Flour en 1727, fut, en 1771,