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service, daigna m’écrire : Adressez-vous à ma sœur, c’est à elle que je remets tout ce qui regarde votre petit Dupuits.

C’est donc vous, madame, dont je réclame la protection, en vous assurant sur ma pauvre vie qu’on ne sera jamais mécontent de Pierre Dupuits, mari de Françoise Corneille. Je vous demande cette grâce au nom du Cid et de Cinna. Pierre Corneille eut deux fils tués au service du roi ; Pierre Dupuits demande le même honneur en qualité de gendre.

Je suis avec un profond respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

5882. — À M. D’ALEMBERT.
15 janvier.

Mon cher philosophe, j’ai vu aujourd’hui le commencement de la Destruction en gros caractère, comme vous le souhaitez. C’est une charmante édification que cette Destruction ; on n’y changera pas une virgule, on n’omettra pas un iota de la loi, jusqu’à ce que toutes choses soient accomplies[1]. J’aurai plus de soin de cette besogne que des Commentaires de Pierre, qui m’ennuyaient prodigieusement. Frère Cramer, afin que vous le sachiez, est très-actif pour son plaisir, et très-paresseux pour son métier. Tel était Philibert Cramer son frère, qui a renoncé à la typographie. Gabriel et Philibert peuvent mettre au rang de leurs négligences de n’avoir pas fait présenter à l’Académie un exemplaire de mes fatras sur les fatras de Pierre Corneille. Gabriel dit pour excuse que la Brunet, votre imprimeuse, était chargée de cette cérémonie, et qu’elle ne s’en est pas acquittée. J’ai grondé Gabriel, Gabriel a grondé la Brunet, et vous m’avez grondé, moi qui ne me mêle de rien, et qui suis tout ébaubi.

Gabriel dit qu’il a écrit à l’enchanteur Merlin, et que ce Merlin doit présenter un fatras cornélien à monsieur le secrétaire perpétuel. Si cela n’est pas fait, je vous supplie de m’en instruire, parce que sur-le-champ je ferai partir par la diligence de Lyon le seul exemplaire que j’aie, lequel je supplierai l’Académie de mettre dans ses archives.

Ce malheureux Jean-Jacques a fait un tort effroyable à la bonne cause. C’est le premier fou qui ait été malhonnête homme ; d’ordinaire les fous sont bonnes gens. Il a trouvé en dernier lieu

  1. Matthieu, v, 18.