Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome43.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec moins d’argent. J’ai besoin de deux ou trois bouviers dans ma terre ; si vous pouvez m’envoyer le Père Kroust et deux de ses compagnons, je leur donnerai de bons gages ; et si au lieu du métier de bouvier ils veulent servir de bœufs, cela serait égal. Je trouve les parlements très-avisés d’avoir su enfin employer les gens aux fonctions qui leur conviennent. Je me souviendrai toute ma vie que vous m’avez dit qu’un maraud de jésuite, nommé Aubert, fit brûler Bayle dans le marché de Colmar. Ne sauriez-vous point où cet Aubert est enterré ? Il faudrait au moins exhumer et pendre son cadavre. Il faut espérer que la philosophie reprendra un peu le dessus, puisqu’elle est délivrée de ses plus grands ennemis. Je sais bien qu’elle en a encore, mais ils sont disperses et désunis ; rien n’était si dangereux qu’une société de fanatiques gouvernés par des fripons, et s’étendant de Rome à la Chine.

Vous avez vu sans doute les derniers édits ; ils sont un peu obscurs : le parlement, en les enregistrant, donne de bons avis au roi, et lui recommande d’être économe. Je prie le conseil souverain d’Alsace d’en dire autant à M. le duc de Wurtemberg. Me voilà intéressé à le voir le prince le plus sage de l’Allemagne.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.


Voltaire.

5860. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
mémoire pour pierre corneille du pont-marie,
au sujet de pierre corneille, auteur de cinna.

Mes anges, protecteurs des deux Pierre, sont priés humblement de considérer :

Que, le roi ayant souscrit pour deux cents exemplaires, M. de La Borde ayant favorisé cette entreprise avec toute la générosité possible, et ayant payé d’avance la moitié de la souscription de Sa Majesté, il demande aujourd’hui la délivrance de ces deux cents exemplaires, après nous avoir flattés que le roi n’en prendrait qu’une douzaine.

Il est certain que le roi n’a que faire de ces deux mille quatre cents volumes, qui composent les deux cents exemplaires souscrits par Sa Majesté.

Si le roi en prend cinquante, c’est beaucoup. Ne pourrait-on pas engager le roi, ou ses ayants cause, à faire présent de ces