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sources où je puis puiser. Je suis sans livres, et je ne serai peut-être pas toujours sans yeux.

Souvenez-vous, je vous prie, de Paul et de Thècle. Souvenez-vous que tous les ministres d’État de France, sans en excepter un, m’ont écrit sur ce que vous savez. Souvenez-vous qu’il est de la plus grande fausseté qu’une certaine personne ait été chargée de faire des remerciements.

Au reste, je félicite M. Abauzit et M. Polier de Bottens, aussi bien que l’évêque de Glocester.

Si Locke et Middleton étaient encore au monde, on leur devrait aussi des compliments.

N’oubliez pas, mon cher philosophe, ce mot mémorable qu’un grand ministre m’écrit : Nous prenez-vous pour des gens absurdes et pour des persécuteurs ?

Je vous embrasse bien tendrement, et je vous aime autant que je vous estime.


5818. — À M. DE BRENLES.
Ferney, 9 novembre.

Mon dessein, mon cher philosophe, était de m’aller aboucher avec la chambre des finances de Montbéliard pour quelques affaires assez considérables ; je me faisais une fête de vous revoir et de vous embrasser à Lausanne, j’aurais voulu y passer quelques jours pour y revoir mes anciens amis. Une fluxion sur les yeux, qui m’ôte presque l’usage de la vue, s’est opposée à tous mes projets. Le mauvais temps et la maladie me retiennent au coin du feu ; mais si la saison devenait tolérable, je pourrais bien reprendre mes premières idées.

Mme d’Hacqueville quitte sa maison ; elle me doit environ deux ans d’arrérages. Oboussier mande que M. le colonel de Chandieu veut prendre le reste du bail ; mais il mande, en même temps, que je dois rendre à M. de Chandieu la maison dans le même état que je l’ai prise : c’est ce que je ne puis comprendre, car j’ai pris la maison dégarnie de tout. J’y ai fait pour environ vingt mille francs de dépense, et Oboussier n’entend pas sans doute que je reprenne les boiseries, les fourneaux, les cheminées, les portes, les croisées, que j’ai faites.

Si Mme d’Hacqueville na pas fait les réparations que doivent les locataires, elle les doit faire. On pourrait s’accommoder de ses meubles pour le payement de son loyer et de ses réparations ; et je viendrais très-volontiers m’arranger avec M. de Chan-