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de présenter mes très-sincères remerciements à M. Arnaud. Pardon.


5666. — À MADAME LA PRINCESSE DE LIGNE.
Aux Délices, 6 juin.

Brionne, de ce buste adorable modèle,
Le fut de la vertu comme de la beauté ;
L’amitié le consacre à la postérité,
L’amEt s’immortalise avec elle.


Vous vous adressez, madame, à une fontaine tarie, pour avoir un peu d’eau d’Hippocrène. Je ne suis qu’un vieillard malade au pied des Alpes, qui ne sont pas le mont Parnasse. Ne soyez pas surprise si j’exécute si mal vos ordres. Il est plus aisé de mettre Mme de Brionne en buste qu’en vers. Vous avez des Phidias, mais vous n’avez point d’Homère qui sache peindre Vénus et Minerve.

D’ailleurs, madame, vous écrivez avec tant d’esprit que je suis tenté de vous dire : Si vous voulez de bons vers, faites-les. Je ne peux que vous représenter la difficulté d’une inscription en rimes. Quatre vers sont bien longs sous un marbre ; mais il en faudrait cent pour exprimer tout ce qu’on pense de vous et de Mme la comtesse de Brionne.

Jetez mes quatre vers au feu, madame, et mettez en prose :


l’amitié consacre ce marbre à la beauté et à la vertu.


Cela est plus dans le style qu’on appelle lapidaire ; ou bien jetez encore au feu cette inscription, et mettez en deux mots votre pensée : cela vaudra beaucoup mieux.

Pardonnez à mon extrême stérilité, et agréez le profond respect, etc.


5667. — DE FRÉDÉRIC,
landgrave de hesse-cassel.
Wabern, le 7 juin.

Monsieur, j’ai reçu votre lettre avec tout le plaisir imaginable. Je suis bien fâché que votre santé ne vous permette pas de venir me voir ici. Je serais au comble de la joie si, quand elle serait rétablie, vous veniez me surprendre agréablement avec Mlle Gaussin, que j’aime toujours beaucoup, pour jouer