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Mons du Puy-en-Velay n’a pas les mêmes honneurs : il voudrait bien être lu, dût-il être brûlé. L’historiographe des singes aura beau jeu quand il écrira l’histoire du temps.

Je suppose que mes anges ont reçu mes deux derniers mémoires envoyés à M. de Courteilles. Je cours toujours après mon cinquième acte et après mon conte, et je vois que les enfers ne rendent rien.

J’ai reçu une lettre de M. de Thibouville. Lekain m’a écrit aussi, et je suis fâché qu’il soit dans le secret de la conspiration.

Je ne réponds à personne, je n’envoie rien ; mes raisons sont qu’on joue Castor et Pollux[1] ; qu’on va jouer Idoménée[2] ; qu’on est fou de l’Opéra-Comique ; qu’il faut du temps pour tout, et que j’attends les ordres de mes anges, me prosternant sous leurs ailes.


5543. — À M. LE COMTE DE VALBELLE[3].
Ferney, 30 janvier.

Je prie celui qui éternise les traits de Mlle Clairon sur le bronze, comme ses talents le sont dans les cœurs, de vouloir bien agréer mes très-humbles remerciements. J’espère que mes yeux me permettront bientôt de reconnaître des traits qui sont si chers au public. Je me consolerai, en voyant la figure de Melpomène, du malheur de ne la pas entendre, et je respecterai toujours les monuments de l’amitié.


5544. — À M. FYOT DE LA MARCHE[4].
(père.)
Ferney, 30 janvier 1764.

Digne magistrat, bienfaisant philosophe, il ne sera pas dit assurément que je sois assez sot pour mourir sans vous avoir vu dans votre paradis de la Marche. Vous y fondez un hôpital[5], voilà tout juste mon affaire. J’y viendrai en qualité d’impotent si

  1. Opéra de Bernard, joué en 1737, et repris le 24 janvier 1764.
  2. Tragédie de Lemière, qui fut, jouée le 13 février 1764.
  3. Le comte de Valbelle, amant de Mlle Clairon, et M. de Villepinte, avaient fait frapper une médaille de cette actrice. (B.)
  4. Éditeur, Th. Foisset.
  5. À Mervans, bourg dépendant de la terre de la Marche. Cette fondation a été transférée à Châlon-sur-Saône.