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plus forts que ceux qu’on a employés en faveur des Calas. Il nous manque encore des pièces importantes ; nous essuyons bien des longueurs, mais ne nous décourageons point. Il faut enfin déraciner le préjugé monstrueux qui a fait deux fois des assassins de ceux dont le premier devoir est de protéger l’innocence.

Adieu, monsieur ; Mme Denis et toute ma famille vous font les plus sincères compliments[1].


5312. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
13 juin.

Mes divins anges, on m’a mandé qu’on avait imprimé Olympie à Paris, et qu’on avait supprimé la seule note[2] pour laquelle je souhaitais que l’ouvrage fût public. Il est bon de connaître les Juifs tels qu’ils sont, et de voir de quels pères les chrétiens descendent. Le fanatisme est bien alerte en France sur tout ce qui peut l’égratigner : ce monstre craint la raison comme les serpents craignent les cigognes. On est beaucoup plus raisonnable dans le petit pays que j’habite. Ah ! que les Français sont encore loin des Anglais en philosophie et en marine !

J’ai peur de déplaire aux auteurs de la Gazette littéraire en les servant ; mais je ne les sers que pour vous plaire. Votre projet d’établir ce journal est celui de saint Michel d’écraser le diable. Vous pensez bien que je servirai avec zèle dans votre armée. Si M. le duc de Praslin veut seulement favoriser la bonne volonté de quelques directeurs des postes, qui m’enverront les nouveautés d’Angleterre, d’Italie, et d’Allemagne, moyennant une petite rétribution, je fournirai exactement votre armée, et les deux chefs rédigeront à leur gré tout ce que je leur ferai parvenir. Je m’instruirai, je m’amuserai, je vous servirai : rien ne pouvait m’arriver de plus agréable.

C’est monsieur le contrôleur général[3] qui a fait graver Tronchin ; c’est lui qui donne ces estampes, et c’est lui faire plaisir de lui en demander. Je ne crois pas qu’il fasse graver messieurs de la grand’chambre, ni que messieurs fassent la dépense de son portrait. On siffle sa pièce, mais je ne l’en crois pas l’auteur.

  1. Les éditeurs de Kehl avaient ajouté à la fin de cette lettre trois phrases de celle du 13 décembre 1763, qu’ils n’ont point donnée. (B.)
  2. La note sur les grands prêtres ; voyez tome VI, page 127.
  3. Bertin.