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vous ai demande s’il était vrai que M. d’Alembert vous eût fait toucher six cents livres.

Je vous ai surtout écrit au sujet de l’Histoire générale, et je vous ai prié, en dernier lieu, d’empécher l’ami Merlin de rien débiter avant que j’eusse vu les mémoires que M. le président de Meinières et M. l’abbé de Chauvelin ont la bonté de me fournir, et sur lesquels je compte rectifier les derniers chapitres.

Je vous ai encore prié de faire savoir à Protagoras qu’un Anglais était chargé d’une lettre pour lui. Voilà à peu près la substance de tout ce que j’ai mandé à mon frère depuis un mois. J’y ajoutais peut-être que l’infâme était traitée dans nos cantons comme elle le mérite, et que le nombre des fidèles se multipliait chaque jour : ce qui est une grande consolation pour les bonnes âmes.

Il est bien douloureux que la poste soit infidèle, et que le commerce de l’amitié, la consolation de l’absence, soient empoisonnés par un brigandage digne des housards. C’est répandre trop d’amertume sur la vie. Je me sers cette fois-ci de la voie de M. d’Argental, sous l’enveloppe de M. de Courteilles.

Il faut encore que je vous dise que je vous ai demandé des nouvelles de l’arrangement des finances. On nous a mandé que le parlement s’opposait aux vues de la cour, et que le roi pourrait bien tenir un lit de justice. Voilà ma confession faite.

Je suis toujours dans une grande inquiétude sur le paquet de M. de Bruc[1] ; nous vivons dans un bois rempli de voleurs.

Faut-il donc en France être oppresseur ou opprimé, et n’y a-t-il pas un état mitoyen ?

Je vous embrasse, mon frère, vous et les frères. Écrasez l’infâme.


5287. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
Aux Délices, 14 mai.

Je mets ces deux copies corrigées[3] au bout des ailes de mes anges exterminateurs. Un de ces exemplaires est pour M. de Thibouville[4], qui m’a ordonné de l’envoyer sous le couvert de mes anges.

  1. Voyez la note, page 467.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Est-ce deux exemplaires d’Olympie imprimée, que Voltaire appelle copies afin de les passer plus facilement ? (G. A.)
  4. Un de ses correspondants les plus zélés. Le marquis de Thibouville, colonel du régiment de la reine, a composé quelques pièces de théâtre et des romans,