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très-louable de n’avoir pas seulement soupçonné que ces vers pussent regarder Sa Majesté. Je ne crois pas qu’il y ait de pièce qui pût rester au théâtre, si on y cherchait des allusions. Cela est du plus mauvais exemple du monde.

On dit que Jean-Jacques a écrit une lettre à l’archevêque de Paris, dont le titre est : Jean-Jacques à Christophe[1]. La lettre, dit-on, est fort salée : on peut écrire comme on veut à des archevêques quand on est à Neuchâtel, dans le pays du roi de Prusse.

Mme Denis remercie bien mes anges : elle est fort languissante ; mes yeux vont en dépérissant, comme de raison. Lisez le bonhomme Salomon : vous verrez que quand celles qui se mettent à la fenêtre ne s’y mettent plus, quand celles qui allaient au moulin n’y vont plus, quand la corde est cassée sur le bord du puits[2], il faut faire une honnête retraite.

Mes tendres respects pour moi et ma pupille.


5248. — À M. COLINI.
Aux Délices, 26 mars.

Je vous fais mon compliment de tout mon cœur, mon cher ami, de votre historiographie[3]. Vous voilà en pied de toute façon.

Envoyez-moi, je vous prie, par les messageries les plus promptes, le paquet que je vous ai demandé, et mettez aux pieds de Son Altesse électorale son vieux serviteur, qui est presque aveugle. Je vous embrasse du meilleur de mon âme. V.


5249. — À M. DAMILAVILLE.
26 mars.

Est-il donc bien vrai que maître Marin a été fourré à la Bastille pour quatre vers d’une tragédie oubliée, composée par maître Dorat ? On m’a envoyé ces quatre vers. Ils peuvent regarder les rois fainéants de la première race, mais comment peut-on

  1. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris ; 1763, in-8o. C’est une réponse au mandement de l’archevêque contre l’Émile.
  2. L’approche de la vieillesse est signalée par ces expressions dans l’Ecclésiaste, chap. xii, versets 3, 5 et 6 : « Quando… otiosæ erunt molentes in minuto numero, et tenebrescent videntes per foramina…, florebit amygdalus ; antequam rumpatur funiculus argenteus… et conteratur hydria super fontem, et confringatur rota super cisternam. »
  3. La publication du Précis de l’histoire du Palatinat du Rhin avait valu à Colini le titre d’historiographe du Palatinat.