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de confession, ait osé mettre au séminaire, pour deux ans[1], le curé de Saint-Jean-de-Latran, pour avoir prié Dieu ? Quoi ! il ne sera pas même permis aux acteurs pensionnés du roi de faire dire des psaumes pour un homme qui les a fait vivre ? Eh ! que deviendrai-je donc ? Quoi ! il n’y aura point pour moi de Libéra ? Oh ! je crierai pendant ma vie, si on ne veut pas brailler pour moi après ma mort.

Mes divins anges, je ne vous parle ni de Cassandre ni du Droit du Seigneur ; il fait trop chaud.

J’ai Crébillon sur le cœur. Ses vers étaient durs ; mais Beaumont l’archevêque l’est davantage.


4992. — DE M. PICTET[2].
Saint-Pétersbourg, 4 août 1762.

Je me persuade que tous ceux qui ont connu le caractère de Pierre III, son peu de génie, la manière dont il s’est conduit et ses projets, tous ceux-là, dis-je, ne pourront qu’approuver la nation russe d’avoir expulsé un tel homme pour mettre sur le trône la plus digne et la plus grande impératrice qui ait jamais régné dans l’univers… Soyez sur, monsieur, que ce n’est point l’impératrice qui a cherché le trône, qu’en y montant elle n’a fait que céder au mouvement général de la nation… Ce qui a produit la révolution est uniquement la différence des caractères de Pierre III et de Catherine II ; que devait, en effet, penser le peuple russe quand il a vu Pierre III, après avoir passé sa jeunesse à s’amuser avec des bouffons, monter sur le trône, donner, il est vrai, de grandes espérances pendant les premières semaines, temps pendant lequel il consulta l’impératrice et suivit ses avis, mais bientôt oublier la promesse qu’il avait faite de s’appliquer aux affaires, pour se livrer entièrement à la débauche et à la crapule la plus honteuse ? … Que devait-il penser, lorsqu’il voyait son empereur passer les jours et les nuits à table, paraître communément ivre aux yeux de tout le monde ? …


4993. — À M. CATHALA[3].

Tout ce que je peux dire, c’est que Mme Calas ne peut jamais se trouver en meilleures mains que dans celles qui conduisent son affaire à Paris. Je vais travailler à faire une souscription en Angleterre et en Hollande.

  1. Il n’y était que pour trois mois ; voyez lettre 4969.
  2. Charavay, Catalogue Lajariette (1860). — Desnoiresterres, Voltaire et J.-J. Rousseau, page 372. — Le Genevois Pictet était secrétaire de Catherine II.
  3. Éditeur, A. Coquerel ; avec la mention : « Copie d’un billet de M. de V., du 5 août 1762. »