Je ne mets point mon nom à la dédicace ; c’est un usage que j’ai banni : il est trop ridicule d’écrire une dissertation comme on écrit une lettre, avec un très-obéissant serviteur.
Par une raison à peu près semblable, c’est-à-dire par l’aversion que j’ai toujours eue pour fourrer mon nom à la tête de mes opuscules, je souhaite que Prault le supprime ; on sait assez que j’ai fait Tancrède. Il n’eût pas été mal que ceux qui ont le profit de l’édition eussent mis quatre lignes d’avertissement ; toutes ces petites choses peuvent aisément être arrangées par vos ordres.
Nous venons de jouer encore Fanime avec des applaudissements bien plus forts que ceux qu’on avait donnés à Tancrède ; c’est que Fanime a été jouée mieux qu’elle ne le sera jamais. Je voudrais que vous pussiez voir un chevalier Micault[1], frère du garde du trésor royal ; il y était. Vous aurez cette Fanime sous votre protection, au moment que vous la demanderez.
Mais une chose à quoi vous ne vous attendez pas, c’est que vous aurez Oreste ; j’ai voulu en venir à mon honneur ; je regarde Oreste à présent comme un de mes enfants les moins bossus ; vous en jugerez.
Je n’aime pas assurément un échafaud sur le théâtre, mais j’y verrais volontiers les furies ; les Athéniens pensaient ainsi.
Je suppose, madame, que vous avez reçu, il y a quelques jours, une grande lettre de moi, et une pour Clairon, le tout à l’adresse de M. de Chauvelin[2], que j’ai aussi chargé de Tancrède. Vous ai-je dit que nous avons joué devant le fils d’Omer de Fleury ? M. l’abbé d’Espagnac arriva trop tard ; il eût été agréable d’avoir un grand-chambrier pour spectateur.
Ô chers anges ! que je voudrais vous revoir ! Mais je hais Paris. Je ne peux travailler que dans la retraite ; je travaillerai pour vous jusqu’à la fin de ma vie. Vive le tripot !
M. Lefranc de Pompignan, historiographe manqué des Enfants de France, a l’honneur d’envoyer à Mme d’Épinai les réflexions salutaires que lui a adressées un frère de la charité de