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4612. — À M. DE MOMMARTEL.
Au château de Ferney, par Genève, 16 juillet.

Je ne peux m’empêcher, monsieur, de vous remercier, et de vous féliciter de favoriser le nom et le sang du grand Corneille. Le roi a suivi votre exemple, et j’ose vous assurer que cette petite entreprise fera honneur à la France dans les pays étrangers.

Je suis enchanté que la première fois qu’on verra le nom de M. de Brunoy[1] on reconnaisse en lui la générosité de son père. Je présente mes respects à madame sa mère, et vous supplie, monsieur, de ne me pas oublier auprès de monsieur votre frères[2].

Il ne faut pas écrire de longues lettres à un homme comme vous, occupé continuellement à servir le roi et l’État,

J’ai l’honneur d’être avec le plus tendre attachement et tous les sentiments que je vous dois, monsieur, etc.


4613. — À M. PITT[3].
Au château de Ferney, près de Genève, 19 juillet 1761.

Monsieur, while you weigh the interests of England and France, your great mind may at one time reconcile Corneille with Shakespeare. Your name at the head of subscribers shall be the greatest honour the letters can receive : t’is worthy of the greatest ministers to protect the greatest writers. I dare not ask the name of the king ; but I am assuming enough to désire earnestly so great a favour[4].

  1. Fils de Pâris-Montmartel.
  2. Pâris-Duverney.
  3. Cette lettre a été insérée par M. Spiers, dans son Recueil de littérature anglaise (Étude des prosateurs anglais) avec cette note : « On donne ici cette exactement comme elle a été publiée, d’après le manuscrit original, dans la Correspondance of William Pitt, earl of Chatham. »
  4. Traduction : Monsieur, pendant que vous pesez dans vos mains les intérêts de l’Angleterre et de la France*. , votre esprit supérieur peu en même temps concilier Corneille et Shakespeare. Votre nom à la tête des souscripteurs sera le plus éclatant honneur que les lettres puissent recevoir ; il est digne des grands ministres de protéger les grands écrivains. Je n’ose pas demander le nom du roi ; mais je suis assez hardi pour désirer vivement une si haute faveur.

    *Pitt (lord Chatham) était alors ministre des affaires étrangères en Angleterre, et l’on cherchait à faire la paix.