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neurs, votre curé, vos vassaux ; laissez là les intérêts du corps de la noblesse, qu’elle vous a fait l’honneur de vous confier ; voyez périr une malheureuse petite province que vous commenciez à tirer de la plus horrible misère ; laissez là les défrichements, les dessèchements des marais ; le tout pour nous faire vite une mauvaise tragédie qui ne pourra certainement être que détestable au milieu de tous ces tracas.

Ô anges ! que me demandez-vous ? Pour Dieu, laissez-moi achever mes affaires. Je me suis fait une patrie et des devoirs ; qui m’exhortera mieux que vous à les remplir ? Il faut avoir l’esprit net pour faire une tragédie ; laissez-moi nettoyer ma tête.

À propos de scandale du texte, en avez-vous jamais vu un qui approche de celui d’Oolla et d’Ooliba, dans la Lettre[1] de ce cher M. Eratou à ce cher M. Clocpitre ?

On dit qu’il y a trois jeunes gens qui s’élèvent : un Eratou, un Clocpitre, et un Dardelle, et qu’ils promettent beaucoup.

Quoi, Térèe honni ! Philomène sifflée au printemps ! Cela n’est pas juste.

Faire payer le magasin de Vesel à M. de Prusse, voilà ce qui me paraît juste, ou du moins très-bien fait.

Mais ce pauvre Lekain ! Ah ! quand il serait beau comme le jour, il n’aurait rien eu[2].

Et l’ami Pompignan qui fait la Vie du feu duc de Bourgogne, et qui à prononcé un beau discours sur l’amour de Dieu !

Dieu conserve longtemps le roi !


4560. — À M. LE BRUN.
Mai 1761.

Mme Denis, Mlle Corneille, et moi, monsieur, nous sommes infiniment sensibles à votre souvenir. Mlle Corneille est plus aimable que jamais ; tout le monde aime son caractère gai, doux, et égal ; elle joue très-joliment la comédie. Sa petite fortune est déjà en bon train. Elle a environ 1,500 livres de rente. Dans les rentes viagères que le roi vient de créer, les souscriptions lui

  1. Voyez cette Lettre en tête du Précis du Cantique des cantiques, tome IX.
  2. On lui refusait la part entière. (K.) — Lekain avait part entière de sociétaire de la Comédie française depuis 1758. Il faut donc ou que l’explication donnée par les éditeurs de Kehl soit fausse, ou que cette phrase soit bien antérieure à 1761.