Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je suis fâché que l’avocat[1] de Mlle Clairon ait fait un plat livre, plus fâché qu’on l’ait brûlé, et plus fâché encore que notre siècle soit si ridicule.

Mille tendres amitiés.


Voltaire.

4454. — À M. DAMILAVILLE.
6 Février.

J’abuse un peu, monsieur, des bontés de l’aimable correspondant que Dieu m’a donné : voici encore un exemplaire de la lettre al signor Albergati[2], avec la jolie estampe de Gravelot,

Voici à présent tous mes besoins, que j’expose à votre charité.

Je voudrais que M. de Saint-Foix pût voir la lettre à M. Albergati ; c’est une petite amende honorable qu’on lui doit. Je voudrais que la petite vengeance honnête que j’ai prise de l’outrecuidant auteur de l’Excellence italienne[3] fût publique, et que copie collationnée fût envoyée aux intéressés dudit mémoire. Je voudrais que M. Thieriot n’atténuât point les témoignages d’estime que je dois à M. Le Brun[4] ; et que M. Le Brun fît punir Martin Fréron, non pas d’avoir trouvé son ode mauvaise, mais d’avoir outragé personnellement M. Corneille, sa fille, et Mme Denis, qui daigne lui donner l’éducation la plus respectable.

Il me semble que tous les honnêtes gens devraient se liguer pour obtenir le châtiment de Martin : car enfin, monsieur, quelle famille sera en sûreté s’il est permis à un folliculaire d’entrer dans le secret des familles, de dire qu’une fille de condition sort du couvent pour être élevée par un bateleur, d’insulter au malheur de son père, de dire qu’il vit d’un emploi de cinquante francs par mois[5] ? Si l’on abandonne ainsi l’honneur des familles à l’insolence d’un gazetier, il faudra se faire justice soi-même.

Je prie M. Thieriot de vouloir bien m’envoyer les recueils I, L[6] : je sais bien que ces petits recueils ne sont qu’un artifice d’éditeur pour attraper de l’argent, et qu’il est même fort impertinent de vendre en détail, en des in-12, ce qui se trouve dans des in-folio, mais puisque j’ai H, il faut bien avoir I.

  1. Huerne de La Mothe. Voyez la note, tome XXIV, page 239.
  2. Celle du 23 décembre 1760. n° 4387.
  3. Deodati de Tovazzi. Voyez la lettre 4432.
  4. Voyez le troisième alinéa de la lettre 4449.
  5. Voyez une note de la lettre n° 4320.
  6. La suite du Recueil A, B, C, D, etc. ; voyez la lettre 4420.