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avaient usurpé sur six frères, tous au service du roi ; mais apprenez que je ne m’en tiens pas là. Je suis occupé à présent à procurer à un prêtre[1] un emploi dans les galères. Si je peux faire pendre un prédicant huguenot,


Sublimi feriam sidera vertice…

(Hor., lib. I, od. i, v. 36.)

Je suis comme le musicien de Dufresny en chantant son opéra : il fait le tout en badinant. Mais je vous aime sérieusement ; autant en fait Mme Denis. Soyez gai, vous dis-je, et vous vous porterez à merveille.

Je vous embrasse ex toto corde. V.


4405. — À M. DESPREZ DE CRASSY[2].
Aux Délices.

Vous m’avez promis, monsieur, vos bons offices dans l’occasion. Je vous en demande un avec instance, c’est de faire sentir à l’insolent curé de Versoix qu’il ne lui appartient pas de vous empêcher de rendre des visites à une fille. Ces drôles-là se mettent à faire la police. Il faut leur apprendre à ne se mêler que de dire la messe ; je vous demande cette grâce instamment. Votre très-humble et obéissant serviteur.


4406. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Au château de Ferney, 6 janvier.

Mon cher ange, aidez-moi à venger la patrie de l’insolence anglicane. Un de mes amis, ami intime, a broché ce mémoire[3]. Je m’intéresse à la gloire de Pierre Corneille plus que jamais, depuis que j’ai chez moi sa petite-fille. Voyez si la douce réponse aux Anglais plaît à Mme Scaliger. En ce cas, elle pourrait être imprimée par Prault petit-fils, sous vos auspices ; sinon vous auriez la bonté de me la renvoyer, car je n’ai que ce seul exemplaire. J’attends aussi ce Droit du Seigneur que vous n’aimez point, et que j’ai le malheur d’aimer. Vous m’abandonnez du haut de votre ciel, ô mes anges ! Dites-moi donc ce que vous avez fait de

  1. Ancien, curé de Moëns.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. L’Appel à toutes les nations, etc. ; voyez tome XXIV, page 191.