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un petit théâtre dans le salon d’été, afin d’avoir très-peu de monde. Mon oncle croit qu’il jugera mieux sa pièce en la voyant jouer qu’en la lisant, et il veut avoir l’avis de quelques personnes avant de la donner à Paris. Vous croyez bien que celui de monsieur votre frère sera d’un grand poids auprès de lui ; nous attendrons son retour pour commencer.


DE VOLTAIRE.

Je vous sais bon gré d’aimer la tragédie. Les Tronchin ont leur raison pour cela, et tous les beaux-arts sont de leur ressort. Je vous prie d’apprendre dans la conversation, à monseigneur le cardinal de Tencin, qu’un nommé Grasset ayant apporté à Genève je ne sais quel manuscrit intitulé la Pucelle d’Orlèans, fabriqué sur une ancienne idée que j’avais eue, il y a plus de trente ans, et très-insolemment fabriqué, j’ai dénoncé ce malheureux au conseil de Genève. Il a été mis en prison, et chassé de la ville.


2957. — DE D’HEMERY[1],
inspecteur de police pour la librairie,
à m. berryer.
25 juillet 1755.

J’ai l’honneur de vous rendre compte que, malgré tout ce que j’ai pu faire jusqu’à présent pour constater quelque chose au sujet de l’impression que le sieur Thieriot pourrait faire faire du poëme de la Pucelle, de Voltaire, je n’ai pu encore y parvenir. Il est certain cependant, monsieur, qu’il a cet ouvrage complet ; mais il ne parait point présentement dans les sentiments de le faire imprimer, ce qui ne manquera pourtant pas d’arriver, soit par lui, soit par quelques autres, par la quantité de copies qu’il y a eu dans Paris, qui ne peuvent certainement venir que de l’auteur : 1° parce que le libraire de Genève en a voulu vendre à Paris une copie pour l’imprimer ; 2° parce que tous les amis ou les gens liés avec Voltaire en ont aussi des copies très-exactes, entre autres M. d’Argental, Mme de Graffigny, le sieur Thieriot, Mme Denis, Mme la comtesse de La Marck, et M. le duc de La Vallière, qui n’aura sûrement pas manqué d’en donner une expédition à madame la marquise[2]

  1. Desnoiresterres, Voltaire aux Délices, page 102.
  2. De Pompadour.