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sentiments les plus vertueux, comme on adorait autrefois des divinités dont les statues étaient couvertes d’un voile. Si vous connaissez le jeune auteur, je vous prie de l’assurer de ma parfaite estime. C’est un sentiment que je vous ai voué il y a longtemps, aussi bien qu’à votre illustre épouse. J’y joins aujourd’hui l’amitié et la reconnaissance que je dois à vos bontés prévenantes. Permettez-moi de finir ce billet comme les anciens, que vous imitez si bien. Scribe et vale. V.


2541. — À M. GOTTSCHED[1].
À Leipsick, du 6 avril 1753.

Omnia perfeci quæ celeberrimus et mihi semper charus Volfius desiderat.

Regi de fictitia et insulsa contra Maupert, locutus sum et mecum risit[2]. Dixi illi M. politicum magnum centum thaleros dare magno Merian ut scribat, et ego dixi sine stipendio contra Maupertuisium. « Astutior te est, dixit rex. — Etiam, respondi, et glorior nullam astutiam adhihere… — Durus est, addidit rex, et mecum sæpe acerbus. — Recte, dixi, recte tecum acerbus est, et mecum fuisti ; irridet tuos subditos, Academiam opprimit, maximis viris insultat, et tu in ejus favorem scripsisti, et sine stipendio ! »

Regem in imo corde multum pœnitet. Utinam in Potsdam commoratus essem ! Sed mihi stabat animus abire. Seribam regi intra paucos dies. Melius est nunc scribere quam loqui,

Opinor, D. D. Volfius ipse regi scribere debeat. Epistola brevis et facunda, modesta sed fortis de accusationibus contra Volfium in Maupertuisianis litteris[3] et falsis opprobriis multum valere et animum régis commovere jam labefactum. Nulla alia querela intersit. Volfii nomen prævalebit semper.

Non possum solus bellum gerere[4].

Voltaire.
  1. Éditeur, H. Beaune.
  2. Pendant les huit jours que Voltaire avait passés à Potsdam avant son départ.
  3. Lettres de Maupertuis. Dresde, 1752.
  4. Traduction : J’ai achevé ce que désire le très-célèbre et toujours cher Wolff. J’ai parlé au roi des choses mensongères et ineptes écrites contre Maupertuis et il en a ri avec moi. Je lui dis que Maupertuis, grand politique, avait donné cent thalers au grand Merian pour qu’il les écrivît. « Il est plus rusé que vous, dit le roi. — Certes, répondis-je, et je me fais gloire de n’employer aucune ruse. — Il est dur, reprit-il, et souvent acerbe avec moi. — Oui, vraiment, dis-je ; il est acerbe avec vous, et vous l’avez été avec moi : il se moque de vos sujets, il opprime l’Académie, il insulte les plus grands hommes et vous vous écrivez en sa