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toujours, parce que je les crois très-exactes et très-vraies, surtout à l’aide des cartons nécessaires ; et s’il y a un seul mot contre la vérité, je suis prêt à le corriger. C’est un livre qui n’est guère fait pour la France. Il paraît déjà trois éditions du premier volume dans les pays étrangers. Je compte avoir incessamment l’honneur de vous envoyer le second volume avec les cartons du premier, et je regarderai comme une grande grâce que vous vouliez bien donner à cet ouvrage une place dans votre bibliothèque.

Je vous demande bien pardon de toutes mes importunités, et je suis, avec une respectueuse reconnaissance, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


2727. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Colmar, 3 avril 1754.

Madame, toutes les fois qu’il neige dans les montagnes des Vosges, je tremble que Votre Altesse sérénissime ne soit malade dans la Thuringe. Je lui suis assurément plus attaché qu’à tous ces empereurs. Elle a daigné faire le bonheur de ma vie à Gotha, et Leurs sacrées Majestés m’ont tué à Colmar, quoique Colmar ne soit plus de leur empire. Je suis votre sujet, madame, et non le leur. Ils m’ennuient trop.

Votre Altesse sérénissime croirait-elle que le roi de Prusse m’a écrit une lettre pleine de bonté, et même d’éloges trop flatteurs[2] ? Cependant on vient d’imprimer contre moi un livre à Berlin, dans lequel on me reproche beaucoup d’avoir prêché la tolérance au roi de Prusse. Apparemment que la lettre dont il m’honore est une réponse à ce livre. Il est intitulé Lettre du comte de Cataneo à. M. de Volt.[3]. Votre Altesse sérénissime l’a-t-elle lu ? Ce comte de Cataneo me paraît bien dévot et peu philosophe. Le roi de Prusse, dans le fond de son cœur, me donnera la préférence sur lui ; et moi, madame, je ne la donnerai à personne sur vous. Je ne souhaite de la santé que pour vous faire ma cour. Que ne puis-je venir à Gotha sur l’âne ailé de la Pucelle ? Il y a beaucoup d’ânes dans ce monde, mais il y en a peu qui aient des ailes.

Je me mets aux pieds de Votre Altesse sérénissime et de son

  1. Éditeurs, Bavoux et. François.
  2. Voyez la lettre n° 2718.
  3. Lettres du comte Cataneo à l’illustre M. de Voltaire sur l’édition de ses ouvrages à Dresde.