passent par Bruxelles, et on sait qu’ils y sont ouverts très-régulièrement ; ainsi je supplie M. le chevalier de La Touche de vouloir bien ordonner que mes paquets soient rendus en mains propres. Je lui renouvelle les assurances de mon respect et de ma vive reconnaissance.
Ce jeudi[1], à dix heures du soir.
Si je n’avais pas eu hier une terrible colique, accompagnée de violents maux de tête, je vous aurais remercié d’abord de la nouvelle édition de vos Œuvres[2] que j’ai reçue. J’ai parcouru légèrement les nouvelles pièces que vous y avez mises, mais je n’ai pas été content de l’ordre des pièces, ni de la forme de l’édition. On dirait que ce sont les Cantiques de Luther ; et quant aux matières, tout est pêle-mêle. Je crois, pour la commodité du public, qu’il vaudrait mieux augmenter le nombre des volumes, grossir les caractères, et mettre ensemble ce qui convient ensemble, et séparer ce qui n’a pas de connexion. Voilà mes remarques, que je vous communique, car je suis très-persuadé que nous n’en sommes pas à la dernière édition de vos Œuvres. Vous tuerez et vos éditeurs et vos lecteurs avec vos coliques et vos évanouissements ; et vous ferez, après notre mort, le panégyrique ou la satire de tous ceux avec lesquels vous vivez. Voilà ce que vous prophétise non pas Nostradamus, mais quelqu’un qui se connaît assez en maladies, et dont la profession et de se connaître en hommes. Je travaille dans mon trou à des choses moins brillantes et moins bien faites que celles qui vous occupent, mais qui m’amusent, et cela me suffit. J’espère d’apprendre dans peu que vous êtes guéri et de bonne humeur. Adieu.
J’ai depuis quelque temps tous les journaux, et j’ai déjà lu celui que vous avez la bonté de m’envoyer. Je vous en remercie, monsieur ; si vous en avez besoin, je vous le renvoie. Vous aurez incessamment l’édition de Dresde[3] ; il y a autant de fautes que de mots. On va en entreprendre une en Angleterre qui sera fort supérieure, et où il n’y aura plus de détails inutiles sur Rousseau. Je vous dirai, en passant, que quelquefois ceux qu’on