Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/451

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouvelle édition du Siècle de Louis XIV commencée ; le départ de plusieurs personnes qui avaient l’honneur d’être de la société du roi de Prusse ; la reconnaissance qui me force à rester auprès de lui ; une humeur scorbutique qui me tue, un érysipèle qui m’achève ; des bains, des eaux, tout cela me retient à Potsdam. Je suis obligé de remettre mon voyage à la fin de l’automne. Je mets toute mon industrie à me ménager quelques mois de vie pour venir vous voir. Je resterai constamment jusqu’à la fin de septembre à Potsdam, et je laisserai le roi courir, donner des fêtes à Berlin. Je renonce aux fêtes et aux reines ; je reste paisible dans le palais, avec deux gens de lettres que j’ai pris pour me tenir compagnie. Je jouis d’un jardin magnifique, je travaille quand je ne souffre pas, j’observe un régime exact, et j’espère que cette vie douce me mènera jusqu’en octobre. S’il arrive autrement, bonsoir, mon paquet est tout fait. Je vous embrasse tendrement.


2389. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH[1].
Potsdam, 17 juin (1752).

Madame, frère Voltaire ne sait ce qu’il dit. Il ne croira jamais ce qu’il entendra débiter dans sa cellule quand le héros de la Renommée ne sera pas à Potsdam. Le pauvre homme, avec sa nouvelle de l’arrivée d’une margrave à Berlin et de la peste à Augsbourg ! Il demande bien pardon à Votre Altesse royale. Tout ce qu’il sait, c’est que le marquis d’Adhémar jure qu’il va se remettre à vos pieds s’il n’y est déjà.

Frère Voltaire ferait fort bien de ne quitter jamais sa cellule que pour venir dans votre abbaye. Il continue ses vœux et ses ferventes prières pour la santé, la prospérité, la longue vie de Votre Altesse royale et celle de monseigneur, et point du tout pour la vie éternelle.


Voltaire.

2390. — À M. DARGET.
Potsdam, le 1er juillet 1752.

Il faut que je vous fasse ma confession, mon cher voyageur. J’ai pris la liberté d’entamer la conversation sur votre compte à

  1. Revue française, 1er février 1866, tome XIII, page 221. M. Georges Horn, en tête de la version allemande, a mis « 27 juin ».