Potsdam, soupant avec trois ou quatre philosophes après avoir expédié les affaires de votre duché ? Cette vie serait assez douce. Il y a apparence que c’est la meilleure, puisque c’est celle qu’a choisie un homme qui pouvait vivre avec tout le fracas de la puissance et tout l’attirail de la vanité. Il me semble encore que vos idées philosophiques sont semblables aux siennes. Ce n’est pas une chose ordinaire qu’il y ait des rois et des ducs et pairs philosophes. Pour rendre la ressemblance plus complète, vous m’annoncez quelques poésies ; en vérité, c’est tout comme ici, et je crois que la nature vous avait fait naître pour être duc et pair à Potsdam. Je comptais passer l’hiver à Paris ; mais les bontés du roi, d’un côté, et mes maladies, de l’autre, m’ont retenu, et je me suis partagé entre mon héros et mon apothicaire. Si vous voulez ajouter à la félicité de mon âme, et diminuer les souffrances de mon corps, envoyez-moi les ouvrages dont vous me parlez. Je garderai le secret le plus inviolable. Je ne les montrerai au roi qu’en cas que vous me l’ordonniez, et je vous dirai ce que je croirai la vérité. Ayez la bonté de recommander d’adresser les paquets par Nuremberg et par les chariots de poste, comme on envoie les marchandises : car les gros paquets de lettres qui sont portés par les courriers sont toujours ouverts dans trois ou quatre bureaux de l’empire. Chaque prince se donne ce petit plaisir ; ces messieurs-là sont fort curieux[1].
Pardonnez, monsieur le duc, à un pauvre malade, et recevez les respects, etc.
Si votre fortune, monsieur, est aussi bonne que votre livre sur la fortune[2], j’ai un double compliment à vous faire. Le plaisir que me cause votre nouvel ouvrage m’a fait relire vos recherches sur les éléments de la matière ; votre antagoniste a bien de l’esprit, mais vous en avez encore plus.
· · · · · · · · · · · · · · · Si Pergama dextra
Defendi possent, etiam hac defensa fuissent.