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privé du plaisir que je me faisais de vous rendre publiquement la justice qui vous est due, et que je vous ai toujours rendue. Vous étiez dans le même cadre avec votre auguste monarque. Je n’avais point séparé le souverain et le philosophe, et vous étiez le Platon qui avait quitté Athènes pour un roi supérieur assurément à Denis. On m’a rayé ce petit article dans lequel j’avais mis toutes mes complaisances.

Lorsque je lus mon Discours à l’Académie, devant les officiers et devant plusieurs autres académiciens, avant de le prononcer, ils exigèrent absolument que je me renfermasse dans les objets de littérature qui sont du ressort de l’Académie, et retranchèrent tout ce qui paraissait s’en écarter. Croyez que j’en ai été plus fâché que vous. Si Limiers a jugé à propos de mettre mon Discours dans la gazette, au lieu de l’imprimer à part, je ne crois pas que vous puissiez vous en plaindre.

J’ai reçu les lettres les plus polies et les plus remplies de bonté de ceux qui président à l’Académie de la Crusca, à celle de Cortone, à celle de Rome, et à plusieurs autres. J’ai droit[1] d’attendre de vous les mêmes marques d’amitié et la justice que je vous ai toujours rendue est un des motifs qui m’y faisait prétendre. Je suis persuadé que vous serez toujours plus touché de mes sentiments pour vous que de la conduite de M. Limiers, et de la délicatesse de l’Académie.

Bonjour ; ma santé est pire que jamais : je suis étonné de vivre ; mais, tant que je vivrai, ce sera pour vous admirer et pour vous aimer.

Avez-vous détruit les monades, les harmonies préruinées, et le grand art de dire des riens en trente-deux volumes in-quarto[2]


1839. ‑ LOUIS TRAVENOL À L’ABBÉ D’OLIVET[3].
Du 6 juillet 1746.

Monsieur, la part que vous prenez avec tant de générosité à l’affaire que j’ai à la police pour la terminer, et étouffer un éclat scandaleux, m’engage à vous dire que je persiste dans les déclarations que mon père a eu l’honneur de

  1. Voltaire fut le premier qui attira l’attention de Frédéric sur Maupertuis, relativement à la réorganisation de l’Academie de Berlin.
  2. Œuvres de Wolff. (K.)
  3. Voltaire contre Travenol, par Henri Beaune, 1869. Lettre exigée de Travenol par Voltaire, comme nous l’avons dit dans la note de la lettre 1807. Armé de cette pièce de conviction, Voltaire assigna Travenol devant le tribunal du Châ-