Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sylphe, cet animal-là est un vilain gnome. Il a fait une petite satire dans laquelle il dit de moi :


Il a loué depuis Noailles[1]
Jusqu’au moindre petit morveux
Portant talon rouge à Versailles.

On débite cette infamie avec les noms de MM. d’Argenson, Castelmoron, et d’Aubeterre, en notes. Vous êtes engagé d’honneur à faire connaître à la reine ce misérable. Si je n’étais pas malade, j’irais me jeter à ses pieds. Je vous supplie instamment de lui faire ma cour.

Comptez que je vous aimerai toute ma vie.


1740. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
Le 17 juin.

Je n’ose vous supplier de m’envoyer quelques belles anecdotes héroïques ; cependant il serait bien beau à vous de contribuer à faire durer mon petit monument, vous qui en élevez de si beaux[2]. On va faire une septième édition à Paris, et peut-être la fera-t-on au Louvre ; elle est dédiée au roi, et la bonté qu’il a d’accepter cet hommage met le sceau à l’authenticité de la pièce. Je voudrais en faire un ouvrage qui passât à la postérité, et dans lequel ceux qui seront nommés pussent, dès à présent, trouver quelque petit avant-goût d’immortalité. Je voudrais des notes plus instructives, pour les vivants et pour les morts.

Ne pourrai-je point citer quelques services de M. de Lutteaux dans mon De profundis ? N’y a-t-il rien à dire sur la poste d’Antoing ? Ne s’est-il pas fait de belles et inconnues prouesses qui sont perdues,

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · carent quia vale sacro ?

(Hor., lib. IV, od. ix, v. 28.)

Que Bellone, s’il vous plaît, instruise un peu les Muses. Je vous serais tendrement obligé.

Adieu, Pollion et Tibulle je baise votre myrte et vos lauriers.

Et quorum pars magna fuisti

( Virg., Æn., II, v. 6.)
  1. Ces trois vers sont extraits d’une pièce dont l’auteur, comme il a été dit page 372, n’est pas Roi, mais Marchand.
  2. Tressan avait reçu deux blessures à la bataille de Fontenoy, en attaquant la fameuse colonne anglaise ; mais il n’est pas nommé dans le poëme de Voltaire.