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Venez chez Prault[1], quai de Gèvres, je vous en prie ; j’ai beaucoup à vous parler.

Je ne crois pas que la petite satire du chevalier de Saint-Michel[2], qui, en style d’huissier-priseur, prétend que j’adjuge les lauriers selon mon caprice, plaise beaucoup à M. de Richelieu, à MM. de Luxembourg, de Soubise, d’Aïen, etc., etc., et à tous ceux que j’ai mis dans mes caquets. Ils m’ont tous fait l’honneur de me remercier mais je ne pense pas qu’ils le remercient.

Sa Majesté a entre les mains tout mon ouvrage ; elle daigne en être contente. Je souhaite que vous le soyez. Je vous embrasse tendrement, et j’attends vos vers avec plus d’impatience que l’édition des miens. Votre éternel ami, etc.

Voltaire.

1737. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
Ce 13, 14 et 15 juin.

Rival heureux de Salluste et d’Horace,
Vous savez peindre, orner la vérité.
Je n’ai montré qu’une impuissante audace
Dans ce combat que ma muse a chanté.
J’ai crayonné pour le moment qui passe,
Et vous gravez pour la postérité.

Soyez comme le roi, soyez indulgent. J’avais mandé[3] à M. le maréchal de Noailles que j’offrais un petit tribut, que c’était là un bien petit monument de la gloire du roi. Il m’a fait l’honneur de m’écrire que le roi avait dit que j’avais tort, que ce n’était

  1. Voltaire avait donné à ce libraire le Poëme de Fontenoy, dont dix mille exemplaires furent vendus en dix jours.
  2. Roi. À cette époque, il parut une foule de brochures, soit en prose, soit en vers, relativement à la bataille de Fontenoy, et pour ou contre Voltaire. La Bibliothèque historique de la France en cite la majeure partie dans le n° 24667. Une de ces brochures, facétieusement intitulée Requête du curé de Fontenoy, fut d’abord attribuée au poëte Roi ; mais elle est de l’avocat Marchand. Le curé de Fontenoy y disait :
    Un fameux monsieur de Voltaire
    M’a fait surtout les plus grands torts,
    En donnant l’extrait mortuaire
    De tous les seigneurs qui sont morts.
    Voltaire en cite trois autres vers dans la lettre 1739.
  3. Cette lettre, écrite au maréchal de Noailles, mort en 1766, n’a pas été recueillie.