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1575. À M. DE CIDEVILLE,
à paris.
Ce mercredi, 8 mai.

Mon aimable ami, dont l’amitié et les louanges sont si précieuses, je sortirai à quatre heures précises pour un homme qui me peint presque aussi bien que vous faites, et qui ne m’embellit pas tant. Voyez si, au sortir de chez M. de Latour, vous voulez que j’aille chez cet autre peintre charmant, M. de Cideville, que j’embrasse mille fois. V.


1576. — À M. DE CIDEVILLE,
à paris, rue neuve-des-petits-champs.
Ce jeudi, 16 mai.

Mon cher ami, qui me faites plus d’honneur que je n’en mérite, et qui me donnez autant de plaisir que j’en peux ressentir, la difficile Émilie a été très-contente de votre épître, à quelques bagatelles près ; jugez si j’en dois être enchanté. Je passai hier au soir à votre porte pour vous remercier. Je ne pus d’abord vous écrire, parce que je souffrais beaucoup, mais votre épître m’a été un baume souverain.

Si vous voyez Marivaux, appliquez votre baume consolant sur son esprit très-injustement aigri. Vous savez s’il y a, dans la bagatelle en question, le moindre mot qui puisse le regarder ; et, s’il y avait la moindre apparence à la plus légère application, je ne l’y laisserais pas un moment. Il y a des gens bien méchants qui sèment toujours des poisons, tandis que vous faites naître des fleurs. Guérissez Marivaux, je vous en prie, des soupçons très-injustes que lui donnent des gens qui veulent nous tourmenter tous deux. Vale, et me ama. V.


1577. — À M. DE VAUVENARGUES.
À Paris, le 17 mai.

J’ai tardé longtemps à vous remercier, monsieur, du portrait que vous avez bien voulu m’envoyer de Bossuet[1], de Fénelon et

  1. Voyez, relativement à Bossuet, Pascal, et Fénelon, un opuscule de Vauvenargues intitulé les Orateur.