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Je me flatte qu’à présent Votre Majesté jouit de la belle collection du cardinal de Polignac.


Roi très-sage, voilà donc comme
Vous avez, pour vingt mille écus,
Tout le salon de Marius !
Mais pour ces antiques vertus
Qu’on ne rapporte plus de Rome,
Le don de penser toujours bien,
D’agir en prince, et vivre en homme,
Tout cela ne vous coûte rien.

Je viens de voir les Hanovriens et les Hessois en ordre de bataille ce sont de belles troupes, mais cela n’approche pas encore de celles de Votre Majesté, et elles n’ont pas mon héros à leur tête. On ne croit pas que cet hiver elles sortent de leur garnison. On disait qu’elles allaient à Dunkerque ; le chemin est un peu scabreux, quoiqu’il paraisse assez beau.

Sire, que Votre Majesté conserve ses bontés à son éternel admirateur


1545. — À M. CÉSAR DE MISSY[1]
Ce 7 novembre, à Bruxelles.

Je reçois, mon cher monsieur, votre lettre non datée dans le moment je fais un petit paquet de trois actes du véritable Mahomet. Je les adresse, selon votre instruction, à M. Lokman, sous l’enveloppe de M. Shelwoke.

Je partirai le 15 pour Paris, j’arriverai le 17 ou le 18, et je ne pourrai envoyer les deux derniers actes que vers le 30. En attendant j’enverrai par la première une espèce d’épître dédicatoire au roi de Prusse : c’est une lettre que je lui écrivis, il y a deux ans, au sujet de Mahomet. Vous la trouverez, je crois, assez curieuse ; elle est tout à fait dans vos principes, et, ce qui est rare, elle est dans les principes d’un roi.

Dès que j’aurai eu le temps de me reconnaître à Paris, je vous ferai tenir de quoi faire l’édition que vous voulez bien honorer de vos soins. Encore une fois, mon cher monsieur, je ne veux absolument rien du libraire ; je vous laisse le maître absolu de tout. Si seulement le libraire veut me faire tenir deux douzaines d’exemplaires pour mes amis, je lui serai obligé. Voilà toutes

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.