qui, par conséquent, ne sera pas loué par quelqu’un[1] que vous connaissez, auquel il ne reste plus ni goût ni talent, mais seulement de l’envie.
Je viens de voir une épigramme parfaite : c’est celle de notre petit Bernard sur la Sallé. Il a troqué son encensoir contre des verges ; il fouette sa coquine après avoir adoré sa déesse[2]. On ne peut pas mieux punir ce faste de vertu ridicule, qu’elle étalait si mal à propos.
Pitteri, libraire à Venise, qui débite la traduction de Charles XII, n’a pu obtenir la permission pour la Henriade, parce que j’ai l’honneur d’être à l’index.
Formont vient de m’envoyer de jolis vers sur Alzire. Vous les aurez bientôt, car tout ce qu’on fait pour moi vous appartient. Pour ma Métaphysique[3], il n’y a pas moyen de la faire voyager ; j’y ai trop cherché la vérité. Adieu, héros de l’amitié ; adieu, ami de tous les arts ; vos lettres sont le second plaisir de ma vie.
Je reçois votre lettre. Je vous prie de me faire avoir les Nouvelles à la main, et de dire à M. Lefranc tout ce que vous pourrez de mieux. On lui impute pourtant les Sauvages[4].
Je vais corriger encore Alzire et les Épîtres[5]. Je vous prie d’ajouter à toutes les marques d’amitié que vous devez à la
- ↑ J.-B. Rousseau, dont l’éloge, dans l´Épître de Clio, précède immédiatement celui de Voltaire. (Cl.)
- ↑ Ces mots, en lettres italiques, sont l’extrait du titre de l’épigramme en huit vers, dont voici les premiers :
- Sur la Sallé la critique est perplexe :
- L’un va disant qu’elle a fait maints heureux…
- ↑ Le Traité de Métaphysique cité plus haut, dans la lettre 527.
- ↑ Les Sauvages, parodie d’Alzire, sont de Romagnesi et Riccoboni.
- ↑ Par les épitres Voltaire désigne sans doute l´Épitre dédicatoire à Mme du Châtelet, qui toutefois ne se trouve pas dans la première édition d’Alzire ; et le Discours préliminaire qu’il devait adresser à Thieriot, et mettre à la fin de sa tragédie. Voyez la lettre 555.