Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bannir de votre théâtre. Je finis, mademoiselle, en vous assurant de ma reconnaissance, de mon tendre dévouement et de l’estime la plus sincère, et en vous souhaitant des auteurs qui aient plus de temps et plus de génie que moi ; vous n’en trouverez pas qui sentent mieux ce que vous valez. Si dans l’occasion vous voulez bien assurer MM. Destouches et Lachaussée de mon estime, vous me ferez un sensible plaisir ; ne m’oubliez pas surtout, je vous en supplie, auprès de Mlle de Balicour et de M. Dufresne. V.

Encore un petit mot, s’il vous plaît ; c’est une rébellion contre un de vos arrêts. Vous dites dans votre lettre que Mérope ne prend aucun moyen pour sauver son fils ; mais ce fils n’est dans aucun danger éminent de la part du tyran. Si Polyphonte le reconnaissait, il serait à craindre qu’il ne s’en défît tôt ou tard ; mais il ne le cherche pas pour le perdre dans l’instant présent. Ce sont des nuances que j’ai peut-être mal débrouillées ; pardon.

Mme du Châtelet vous fait bien des compliments, et moi, je vous demande bien pardon de mes plates étrennes.


811. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
(4 janvier 1738.)

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 1er janvier.

1o Puisque vous ne voulez pas écrire à M. de Guise, je vais lui écrire une lettre de compliment, qui ne retardera en rien le jugement du conseil.

2o Les biens libres de M. de Richelieu me paraissent très-engagés. Les terres qui entrent dans son duché sont par cela seul substituées de droit, et où prendre ce remploi prétendu de sommes payées par son père ? Je sais que son père a vendu tout ce qu’il a pu vendre : de plus, mon hypothèque ne subsistant plus, sur quoi puis-je me faire payer ? Je voudrais qu’au moins on chargeât quelque fermier de me payer quatre mille livres par an, et surtout quatre mille trois cents échues en janvier 1738. Au reste, je pourrais très-bien emprunter vingt mille livres sur la terre de Cirey, parce que j’ai prêté vingt mille livres à M. du Châtelet, et, en mars prochain, je donnerais à M. de Richelieu dix-neuf mille sept cents livres, qui, avec les cinq mille trois cents livres qu’il me devra, feront vingt mille livres, et il me

  1. Édition Courtat.